À la commission Charbonneau, Luc Leclerc,
ingénieur à la retraite des travaux publics à la ville de Montréal, est
venu témoigner et confirmer qu’il avait reçu plus d’un demi-million de
dollars en pots-de-vin. De son propre aveu il a bien aimé ces petites
attentions, surtout les cadeaux et les billets de hockey.
Mais la
partie la plus intéressante de son témoignage est à mon avis cette
déclaration à l’effet qu’il a « Beaucoup donné à la ville ».
Le
gars a probablement travaillé fort, négocier des millions de dollars de
contrats à chaque année, se levé aux petites heures régulièrement pour
être sur le chantier à 6h00 quand les gars commencent, jongler avec des
dossiers complexes même les fins de semaine…
Des patrons, des
décideurs, des administrateurs, des directeurs qui se donnent à fond
pour leur boulot, qui n’ont jamais vraiment de vacances, qui dînent en
dix minutes entre deux réunions ils y en a beaucoup. Ils sont souvent
bien rémunérés, trop bien diront certains qui ne connaissent peut-être
pas vraiment le boulot.
Le problème apparait quand ces mêmes
décideurs commencent à croire qu’ils méritent ce qu’ils ont et plus
encore. La ligne est mince, c’est un état d’esprit particulier, nous le
connaissons tous. C’est ce petit sentiment que nous le méritons bien
puisque l’autre qui en fait autant, peut-être même moins, en profite lui
aussi. Un dîner d’affaire qui n’en n’est pas vraiment un facturer à
l’entreprise, « ça va compenser pour l’autre de la semaine passée que
j’ai pris sur le pouce », des billets pour un match des Canadiens
offerts par un client (un classique tout à fait légal dans le privé) va
compenser pour ces quelques soirées passées au bureau à travailler sur
un gros contrat…
Et bien sûr une fois que l’on a mis le doigt
dans l’engrenage tout finit par se justifier, les réunions qui finissent
tard, les retours à la maison à minuit après une journée à l’extérieur
ne sont plus compris dans les émoluments de base de l’administrateur, ce
sont les cadeaux qui les payent, puis les pots-de-vin peuvent bien
apparaitre, ils vont compenser autre chose ou simplement égaliser le
traitement de l’un et de l’autre parce que, bien sûr, on se compare. «
Pourquoi lui et pas moi? »
Au finale les agissements des uns
finissent par déteindre sur ceux des autres et tout le monde finit par
plus ou moins participer au système, tout dépend au bout du compte de
l’élasticité relative de l’éthique de tout un chacun.
…
Ici
par exemple on ne prend pas de pause. J’ai pourtant droit à deux quinze
minutes par tranche de trois heures travaillé et nous faisons huit
heures par jour. Je peux donc considérer que j’ai droit à 40 minutes de
pause par jour. Jeter un œil sur Facebook me prend entre 30 secondes et
une minute je pourrais donc y aller près de 60 fois par jours sans
considérer que je vole du temps à mon employeur… Ceci bien sûr, si je ne
fais rien d’autre de personnel sur internet et si je n’ai aucune
discussion de corridor dans la journée, mais tout le monde fait l’un et
l’autre alors pourquoi me limiter?
…
.jpm
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