17 déc. 2012

La mort au bout du chemin

Je viens d’apprendre qu’une de mes collègues est sur son lit de mort, à quelques jours de la fin, peut-être moins. C’est un cancer devenu presque généralisé qui aura eu raison d’elle…

Je suis déjà en train d’en parler au passé. C’est dur. Les mots manquent.

Dans les couloirs on évite le regard de l’autre. Tout le monde est atterré, puis on se parle, mais on ne sait pas quoi dire. Ça fait mal c’est évident, ça choque, elle est si jeune, à peine la trentaine.

Ça fait bizarre après la tuerie au Connecticut, ils étaient tous jeunes et on aura rien vu venir, mais la mort est une chose de proximité et malheureusement le Connecticut est beaucoup plus loin que le bureau vide de ma collègue…

Mais puisqu’il faut continuer, on se replonge dans le travail. L’entrain habituel n’y est pas, mais échanger sur le boulot avec les collègues permet d’oublier un peu. On s’engourdis avec le travail, on replonge, on se met la tête ailleurs. La routine est salvatrice.

Bush, au lendemain des attentats du onze septembre avait semblé, pour beaucoup, vouloir relancer l’économie en invitant les gens à aller magasiner. Peut-être en fait avait-il à sa manière donné le meilleur conseil possible, n’oublier pas les gens, mais reprenez votre vie, votre train-train quotidien, c’est la meilleure façon de continuer sans trop souffrir.

Au bureau l’atmosphère va être lourde toute la semaine. Nous marcherons tous vers l’annonce fatidique d’un pas lent, voyant l’inévitable approcher… Que faire d’ici-là? Pas de bonne réponse.



Vous vous souvenez de ce billet sur la très maladroite comparaison du gouvernement entre le cancer et la dépression ? Hé bien elle est là la différence. Ma collègue atteinte du cancer risque fort de mourir dans quelques jours alors que mes deux collègues qui ont fait une dépression sont de retour au boulot en pleine forme.



La vie est injuste vous dites-vous? Certains de mes collègues sont fâchés, d’autre triste. « Chienne de vie ». Malheureusement, la vie ne répond pas à ces catégories purement humaines – il n’y a pas de notion de justice et d’injustice ici. C’est une loterie sans plus. Certain perdent d’autres gagnent.  Ce qui est malheureux, c’est qu’une certaine part de ceux qui gagnent soit trop cons pour s’en rendre compte.

.jpm

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