Alors voilà, j’ai un collègue qui trouve Mme. Elgrably éclairé, il est venu me montrer sa dernière chronique
citant le Community Reinvestment Act comme une des sources de la crise
économique de 2008. Déjà cette crise est dû à un ensemble de facteurs et
non à la seule intervention du gouvernement ce que Mme. Elgrably laisse
toujours entendre, mais regardons plutôt le texte.
Elle commence son texte portant sur les manifestants qui occupent Wall
Street ces jours-ci en affirmant qu’il ne demande pas moins que la fin
du capitaliste! Rien n’est plus faux, bien sûr, ce qu’ils réclament
c’est une refonte de celui-ci, certaines réformes pour en éviter les
dérapages, mais ils ne demandent pas la mort du capitalisme – ce sont
des Américains après tout!
Se basant sur cette fausseté, elle affirme ensuite qu’ils encouragent
ainsi l’instauration du communisme! Pire elle y associe quelques «
vedettes » dont Noam Chomsky.
Un homme très loin du communisme ou même du socialisme. Chomsky se dit
anarchiste, pour un État minimal et pour la libre entreprise. En fait,
il est beaucoup plus proche des libertariens de qui se réclame Elgrably
que de communistes – ce qu’elle sait sûrement très bien. Quoi que des
fois je me demande…
Elle poursuit sa chronique, comme bien d’autres avant celle-ci, en
mettant de l’avant la logique libertarienne comme si c’était de la pur
logique capitaliste et mélange la théorie économique aux décisions
politiques – une faute qu’elle commet pratiquement toujours. L’économie
n’est pas la politique.
Les gens sont frustré par les sauvetages bancaires qu’elle associe à une
philosophie collectiviste, quelle tare (sic)! Ben oui, nous vivons en
société, n’a-t-elle pas encore remarqué! Les gouvernements prennent des
décisions politiques (sauver les banques pour éviter une crise majeure)
qui ont des conséquences économiques (le coût du sauvetage en tant que
tel, plus la baisse de revenu du gouvernement dû au chômage et les
versements de ce même chômage). Mais les banques ne remboursent pas
tout, seulement les prêts et encore une petite part. Ils remboursent
l’argent du peuple avec des intérêts prélevé à ce même peuple qui au
passage y a laisser sa maison. Pourquoi? Parce que les banques avaient
fait trop de prêts toxiques, qu’elles manquaient de liquidité et
qu’elles ne se faisaient plus confiance l’une l’autre.
Tout ça à cause de lois comme Community Reinvestment Act
(CRA) nous dit Elgrably. Mais, le CRA date de 1977 pas de 2007! Oui, le
gouvernement a décidé de garantir des prêts au plus pauvres, une
décision politique (à conséquences économiques) visant à donner accès à
ces dernier à une maison qu’ils ne pouvaient se payer malgré une vie
passé à travailler, faute d’un salaire décent et ce dans des quartiers
où les taux hypothécaires étaient largement plus élevé qu’ailleurs. Mais
encore là, les banques n’étaient pas obliger de prêter à tout le monde
et certainement pas tenu d’offrir des taux ridiculement bas pendant les
premières années, pour les faire passer ensuite à des niveaux indécents.
Non, c’est l’État nous dit Elgrably, c’est lui qui a diminué ses taux à 1%. Faux, les taux hypothécaires
étaient à 6.5% avant la crise, ce n’est qu’après le début de la crise
qu’ils furent ramené à 1%. Pourquoi? Pour essayer de redémarrer
l’économie! Une décision politique qui a eu des effets économiques.
Pourquoi redémarrer l’économie? Tout simplement parce que les économies
de type capitaliste ne redémarrent pas tout seule, on le sait depuis
longtemps, et qu’un gouvernement ne peut tolérer des taux de chômage
élevé très longtemps, les gens doivent pouvoir travailler sinon tout
fout le camp – l’économie ne vit pas en vase clos à côté du politique,
les deux sont intimement lié. Il n’y a pas d’économie sans société, Mme.
Elgrably semble l’oublier!
Effectivement ce n'est pas le capitalisme qui est coupable, ni
l'interventionnisme d’ailleurs, mais bien le copinage, le lobbysme et le
fait qu'une super-élite qui a la main mise sur l'économie. Il n'y a pas
un seul coupable facile à identifier et c'est pour ça que les gens
semblent pointer un peu partout.
Et ils font bien de camper sur Wall Street, car c'est l'esprit
corporatiste du profit à tout prix, de l'évasion fiscale, des bonus
démesurer, des rémunérations disproportionnés, de la délocalisation, de
l’investissement à court terme, de la vision réductrice qu'ils dénoncent
et même s'il y a un lien avec la maison blanche, c'est de Wall Street
qu'origine le problème pas du gouvernement qui se retrouve bien souvent
les mains liés devant la puissance des grandes entreprises « créatrice
d’emplois ».
Bref comme bien souvent, Mme. Elgrably manque de subtilité, lance des
demi-vérités comme si elles étaient de certitudes absolues et mélange
allégrement le politique et l’économique. Ah, si au moins le Journal de
Montréal donnait la chance à un chroniqueur de lui répondre ont aurait
droit à de vrais débats.
.jpm
p.s. Et il n'y a pas que moi, l'économiste Ianik Marcil a le même genre de commentaire à propos de Mme. Elgrably.
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