La formule m’a accroché. Si ce n’est pas logique c’est politique. Je l’ai lu au hasard d’un défilement de commentaire sur le nouveau documentaire d’Hugo Latulippe – République qui se veut une réflexion post capitaliste regroupant une cinquantaine de penseurs et d’artistes.
Sur le coup ça m’a fait sourire. D’autant plus que le commentaire
sous-entend principalement que la politique est illogique, qu’elle n’est
qu’affaire de privilège, de passe-passe pour faire plaisir aux uns ou
aux autres sans qu’il y ait quoi que ce soit de réfléchis derrière.
Puis, mon sourire a fléchis. Je me suis rendu compte que cette vision de
la politique et surtout, de façon générale, de ce que l’Autre fait nous
apparait souvent comme tel – illogique. « Pourquoi ils font ça comme
ça, ça n’a pas de bon sens ». C’est bien souvent notre réaction face à
des décisions dont la logique nous échappe et, elle nous échappe surtout
parce que ce N’est pas la nôtre.
Est-ce à dire que tout ce qui sort de notre cadre de logique est
illogique et motivé par des intentions impures? Je ne crois pas.
On peut ici revenir au débat tout politique qui m’oppose à Nathalie Elgrably. Dans mon dernier billet,
je dénonçais ses erreurs et ses demi-vérités, mais aussi son habitude à
mélanger sans le dire le descriptif et le prescriptif (l’économique et
le politique).
Sur l’économique, en théorie on devrait s’entendre. Après tout le taux
de chômage est une valeur objective et encore, il y a plusieurs
définitions. Quand on passe à l’évaluation de la richesse des Québécois,
déjà les vues sont divergentes parce que plusieurs définitions et
façons de calculer la richesse. Et bien sûr quand on en vient à ce que
le gouvernement devrait faire pour hausser la richesse des Québécois
c’est l’impasse, nous ne sommes plus du tout d’accord.
Pour moi, la vision de l’économie de Mme. Elgrably est tronqué parce
qu’elle ne tient pas en compte le côté sociologique de l’économie. Pour
Mme. Elgrably, ma vision de l’économie n’a pas de sens justement parce
que je sors de l’économie pure en y faisant entrer la dimension humaine.
Les deux visions sont tout à fait logiques, mais opposé – et, cela dit,
pas nécessairement incompatibles, il suffit simplement de bien découper
le problème.
Alors oui, la politique n’est pas toujours strictement logique, tout
comme les décisions de nos patrons, mais il y a divers degré de logique,
divers cadres dans lesquels on l’applique, des cadres qui au final
peuvent donner l’impression que la décision prise est illogique quand
dans les faits – quand dans un autre cadre d’analyse elle est tout à
fait logique.
Évidemment je ne suis pas en train de dire que personne ne prend de
décision en fonction de ses intérêts personnels, ce serait ignorer
totalement la nature humaine. Il est d’ailleurs tout à fait possible de
défendre l’idée que toutes nos décisions sont égocentriques tout comme
il est possible de défendre que toutes ces dernières s’inscrivent dans
une certaine logique.
Mais mon propos n’est là, il s’agit surtout de réaliser que ce qui nous
semble illogique, ce qui nous semble politique, relève souvent d’une
logique issue d’un autre cadre de réflexion que celui que nous utilisons
pour juger la décision illogique.
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