1 mai 2012

Le piège du désir

Nous vivons dans une société qui carbure au désir. Notre désir de posséder surtout.

Alimenté par des campagnes de pub, par la volonté de trouver le bonheur, de se sentir heureux, nous consommons. Nous nous payons une belle voiture, un écran plat, un voyage dans le sud. Si la cuisine est un peu désuète, on lui refait une beauté comme dans les magazines, au goût du jour, style moderne ou champêtre avec des électroménagers qui collent au décor et quand ce n’est pas la cuisine, c’est un chalet, un voilier, etc.

Chaque nouvel achat nous donne l’impression que l’on va enfin toucher au bonheur, avoir une vie complète, comblée. Mais en fait ce ne sont pas les achats, mais plutôt le désir qui nous pousse de l’avant. « Je vais être plus heureux avec tel truc, ma vie va être meilleure avec tel autre. » Mais une fois ledit truc entre les mains on se rend bien compte que ce n’est pas beaucoup mieux qu’avant. L’incrément de bonheur est infinitésimal et alors on reporte notre désir sur un nouvel objet.

Ce n’est pas ma thèse, mais je crois qu’elle juste jusqu’à un certain point. Par contre lorsque j’ai entendu cette thèse, j’ai rapidement fait le lien avec la vie professionnelle et personnelle dans leur ensemble. Il m’est arrivé à quelques reprises récemment d’avoir à parler de mon parcours et en regardant ainsi derrière moi, je me suis bien rendu compte que j’aurais pu faire bien d’autre choix. J’ai désiré et je désire encore bien d’autres carrières, bien d’autres parcours…

J’aurais pu faire bien d’autres choses. J’aurai pu, j’aurai pu, mais je ne l’ai pas fait. Et, regardant derrière et imaginant ces autre vie j’ai tendance comme tout le monde à les idéaliser. On ne regarde bien que ce que l’on veut voir. J’aurai pu voyager plus. J’aurai pu continuer à l’université. J’aurai pu faire un tour du monde au début de la vingtaine. Mais à l’époque, les choix que j’ai fait me semblaient les meilleurs. Je ne dis pas qu’aujourd’hui ce n’est plus le cas, mais j’aurais pu…

Une fois à ce point de la réflexion, on regarde généralement ce que l’on finalement fait et on tente une comparaison bien approximative avec les divers possibles à côté desquels nous sommes passés. Évidemment on veut toujours mieux et c’est là que le piège du désir se referme sur nous. « J’ai fait ceci qui n’est pas si mal, mais j’aurais pu faire cela qui aurait pu être bien mieux. »

De ce piège nul ne peut vraiment sortir à moins de se comparer à des scénarios du pire, ce qui peut s’approché du défaitisme (mais à mon sens, il est tout à fait sain de le faire), ou en adoptant la philosophie bouddhiste qui consiste à éviter les attentes et à être en paix avec nous-même (ou plus passivement à tout remettre en les mains de Dieu).

Si on veut rationaliser la chose, ce qui est généralement mon approche, on regarde le chemin parcouru en se remémorant les raisons de nos choix, les circonstances, les désirs de l’époque et on se dit que l’on a, au final, eu le parcours que l’on bien voulu se donner. Et puis tant que l’on est là, il est toujours possible de changer de direction même s’il est impossible d’éliminer les années passées, il faut faire avec nos choix, avec notre cadre, mais c’est encore bien de la marge de manœuvre pour qui a des rêves…

.jpm

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