On apprenait il y a quelques semaines qu’un ancien élève de Colombie-Britannique aujourd’hui âgé de 25 ans, venait de gagné une importante victoire juridique contre le système d’éducation de la province.
En
effet, la Cours suprême du Canada vient de reconnaitre que Jeffrey
Moore « avait été victime de discrimination puisque son école ne lui
avait pas fourni des services d’aide suffisants ». Le juge est même allé
plus loin en ajoutant dans l’énoncé de son jugement que « Des services
d’éducation spécialisée adéquats ne sont pas un luxe dont la société
peut se passer ».
Honnêtement, je me demande si ce juge a bien
pesé le poids réel de cette décision. Si un enfant dyslexique est
victime de discrimination parce qu’il ne reçoit pas un certain niveau
d’aide on peut très certainement se demander où se situent les limites
de cette aide et en quoi consiste cette discrimination. Et les réponses
peuvent nous mener très, très loin.
Jusqu’où la société est-elle
discriminante lorsqu’il s’agit d’éduquer un enfant? Doit-on le mener
jusqu’à l’université? Et, si nous le faisons pour le dyslexique devront
nous le faire pour d’autres type de trouble d’apprentissage? Où cela
s’arrête-t-il?
Vous allez peut-être me trouver quelque peu
malthusien dans mon commentaire. Je vous l’accorde, je soumets
effectivement la question de laisser certains individus de côté. Et,
dans le cas qui nous occupe, poser la question c’est un peu y répondre.
Il
y a une limite à ce que l’on peut faire et il faut savoir le
reconnaitre. Mais je sais, je vais un peu plus loin en laissant entendre
que l’on pourrait choisir de ne pas aller jusqu’au bout à cause des
coûts que cela engendre. Et encore faut-il que l’élève soit motivé, pas
juste ses parents…
Mais il y a plus compliqué encore. Nous le
vivons au Québec avec le virage vers l’intégration des élèves en
difficulté que nous avons effectué il y a une dizaine d’années. Les
élèves en difficulté d’apprentissage ont été intégrés aux classes
normales parce que plusieurs parents et penseurs du système considérait
que de les garder à l’extérieur dans des classes spéciales était
discriminatoire pour eux. Par contre, ce faisant, nous avons créé deux
nouvelles discriminations.
Premièrement les élèves en difficulté
ne sont plus dans des classes adaptées avec des profs spécialisés et
donc ils ne reçoivent pas toute l’aide qu’il pourrait avoir, il y a donc
selon ce jugement de la Cours suprême discrimination! Deuxièmement, les
élèves en difficulté intégrés aux classes normales viennent ralentir la
progression des autres élèves et accaparent plus de temps des
enseignants que tous les autres réunis, il y a par conséquent là aussi
une certaine discrimination.
Vous trouverez peut-être que je me
fais l’avocat du diable et que je crée des problèmes là il n’y en n’a
pas. Il s’agit simplement d’aménager les choses correctement, de façon à
ce qu’il n’y ait pas de discrimination… C’est vrai, vivre en société,
faire de la politique, légiférer c’est faire des compromis et c’est
justement ce que les juges de la Cours suprême semblent avoir omis de
considérer dans leur jugement.
.jpm
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire