Vous avez certainement entendu parler du film Zero Dark Thirty de la
talentueuse réalisatrice Kathryn Bigelow, mais avez-vous lu les divers
critiques au sujet du film.
Il se passe une chose fort intéressante autour de ce film à la violence crue. Pour les uns c’est de la propagande
pure et simple et donc un film à fuir ou à tout le moins à prendre avec
un gros grain de sel. Pour les autres c’est un film qu’il faut absolument voir
parce qu’il démontre bien que parfois il faut savoir se salir les mains
pour atteindre un objectif louable – ce qui est tout à fait dans la
ligné de pensé de Machiavel (sur lequel vous pouvez lire mon excellent travail ;-).
Comme
pour bien d’autres grandes oppositions il y a un peu de vrai dans
chacune de ces visions du film. Mais s’il est vrai qu’il faut parfois se
salir les mains, dans le cas d’une usurpation du pouvoir comme ce que
les islamistes radicaux ont tenté et réussit en parti au Mali, il faut
également bien voir que la torture est une toute autre façon de se salir
les mains et que rien ne prouve qu’elle soit nécessaire. Passez voir
l’excellente entrevue de Richard Martineau au Francs-Tireurs avec
Malheureusement
on en fait l’apologie dans ce film. Quand on le faisait dans 24h, ça
pouvait encore passer, c’était de la fiction. Mais ZD30 se présente
comme un quasi-documentaire sur la traque et la mise à mort de Ben
Laden, ce n’est plus de la fiction et la torture présenté a fort
probablement eu lieu. Or plusieurs rapports démontrent que la torture
mise en scène et étant présenté comme un élément clé de la « capture »
de Ben Laden n’a absolument servi à rien et qu’au bout du compte ce sont
bien plus les renseignements obtenus autrement qui ont mené à sa
cachette.
Une autre chose que le film met en scène, c’est le
travail de moine, de rat de bibliothèque qu’est la traque d’un important
criminel. Non, le travail de la CIA n’est pas toujours comme dans les
films, une bonne part du travail repose sur de l’analyse de document, du
recoupement de témoignage et le suivi de dizaines de pistes qui se
transforment en cul-de-sac. L’équipe qui débarque et fait le ménage
c’est le cinq minute qui couronne des années d’efforts dans des bureaux
sans fenêtres. Mais tout ce que l’on nous montre dans les films c’est la
semaine de préparation avant l’offensive et les cinq, dix, quinze
minutes de cette dernière.
ZD30 est-il de la propagande? Très
certainement. Il y a énormément de propagande dans le cinéma américain
comme il y en a dans tous les cinémas. On met en scène notre monde,
notre culture, nos valeurs – ZD30 en est un à la sauce américaine qui
malheureusement à une conception de la nécessité politique bien
violente.
.jpm
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