Je viens de terminer le dernier livre de Tim Jackson, un économiste anglais qui travaille depuis près de vingt ans à l’élaboration d’une réforme de l’économie.
Comme beaucoup cet économiste constate que nous nous dirigeons vers un
cul-de-sac. La croissance infinie du modèle en place est impossible. Le
rythme de croissance actuel est en train de détruire la planète et il
nous est actuellement très difficile d’imaginer un autre modèle.
À la base de la problématique, Tim Jackson évoque deux causes
fondamentales. La première, la nécessité de la croissance ne surprendra
personne. Sans croissance, l’économie stagne, il ne se crée plus
d’emplois et la récession n’est pas bien loin avec son lot de problèmes…
On ne peut donc pas faire décroitre l’économie. La seconde cause est
sociologique, elle relève de notre propension à recherche la nouveauté
et à définir notre statut social à travers nos possessions.
Cette propension a toujours existé, mais aujourd’hui, la société de
consommation rend cette propension invivable. Il nous faut toujours plus
pour éviter l’exclusion sociale et la vitesse avec laquelle les
nouveaux gadgets nécessaires sortent nous pousse à y consacrer toujours
plus d’argent et de temps.
Si les causes sont entendues et claires pour le professeur Jackson, les
solutions sont moins évidentes. Il parle d’écologisation du PIB par de
normes anti-pollution et restrictives sur les matières premières plus
sévères. Il parle de découplage de l’économie – la mise en place d’une
économie ne nécessitant que très peu d’énergie et de matière première et
donc beaucoup plus centré sur l’humain et les services, mais avoue du
même souffle qu’il ne sait pas trop à quoi cela peut ressembler*.
Il parle aussi de changer notre rapport avec nos possessions, mais
surtout notre façon de se sentir intégré dans la société. Ce n’est pas
le iPod qui devrait établir qui nous sommes, mais bien ce que nous
faisons pour les autres. Et, c’est d’ailleurs, de souligner M. Jackson,
ce que tout le monde recherche, se sentir utile, avec un entourage, des
amis et des projets.
Une de mes propositions préférées pour mettre en branle ce nouveau
modèle – une de celle que j’ai déjà évoqué ici à plusieurs reprises –
c’est la diminution du temps de travail par la loi. Vingt et une heures
par semaine ce serait bien non?
Bref, il est clair qu’il faut changer de modèle. Le prochain modèle
n’est pas évidant, mais on commence à bien comprendre de quoi il devra
être fait et quels sont les éléments à développer pour y arriver… C’est à
suivre donc.
…
Si la lecture d’un bouquin de quelques 200 pages (il existe une version
française) sur le sujet ne vous intéresse pas, je vous propose d’au
moins aller écouter la conférence de 20 minutes qu’il a donné au TED en juillet 2010.
.jpm
*Moi je n’ai pas trop de difficulté à imaginer une telle économie.
Omniprésence du recyclage et de la réparation (des services), une
quantité élevé de loisirs et d’éducation (des services), beaucoup de
voyage et de bonne bouffe (encore des services, mais avec un peu de
matière cette fois). Tout cela coutera-t-il les yeux de la tête. Pas
nécessairement, c’est un équilibre à trouver.
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