18 oct. 2011

16 octobre 2011 : Pour la suite du monde

Les problèmes sont connus - surexploitation de la planète, écarts de richesse grandissants, famine, etc. les solutions le sont également - une économie plus verte, une meilleure redistribution des richesses, du travail pour tous. Même le moyens techniques pour y arriver sont disponibles - recyclage, design évolutif, semaine de 21h, densification urbaine, etc. et la façon de les mettre en place est simple - il faut légiférer. Le seul élément manquant, c’est la volonté. La volonté politique certes mais aussi la volonté populaire. Les décideurs vont prendre les décisions qui s’imposent s’ils sentent que la population est derrière eux, mais les gens sont-ils prêt à faire les sacrifices nécessaires, à vivre autrement?

Le reste est archi-connu. On ne s’entend peut-être pas totalement sur les modalités, mais le reste est là. Seul ombre au tableau - la transition. Seul variable inconnue dans cette histoire - l’énergie gratuite.

Les problèmes :
Nos problèmes sont multiples et complexes. Nous surexploitons les ressources de la planète. Faune, flore, minerai, tout y passe, l’exploitation est intensive et non planifié. On ne pense pas au renouvellement et, pire, les exploitants cherchent toujours de nouveaux marchés, intensifiant de fait l’exploitation et la rapidité avec laquelle les ressources disparaissent. Or malgré toute cette exploitation, il se trouve encore une majorité de gens qui ne mangent pas à leur faim. S’il est évident que les ressources naturelles de la planète ne sont pas également distribuées, il est tout aussi évident que nous n’avons pas réussit à mettre en place un système de distribution de celles-ci et, bien sûr, la richesse relative des uns et des autres suit le même sentier.

Les solutions :
Les solutions sont simples, une économie plus verte, ancré dans la réelle capacité de notre écosystème et basé sur une production de produit moindre et une offre de service plus grande. Une meilleure redistribution des emplois et de la richesse, ce qui suppose à terme du travail pour tous et en théorie une diminution importante de la famine.

Les moyens :
Les moyens sont là, une économie plus verte passe par le recyclage, la réutilisation, la mise à jour et surtout des designs prenant en compte tout la vie du produit, ce que l’on appel le “cradle to cradle” en anglais. Des produits qui durent et que l’on aura en moins grande quantité, le tout dans un espace plus restreint. La densification des villes est aussi un incontournable, elles consomment 15% moins d’énergie, génèrent 15% moins de déchets et sont le lieu incontesté de l’innovation. L’espace réduit, compatible avec une opulence moins grande permet aussi la semaine de travail de 21 heures qui à son tour permet une plus grande distribution de l’emploi et de la richesse, dégagent du même coup plus de temps pour participer à la vie citoyenne.

Les décisions :
Les décisions à prendre ne sont pas si simple puisqu’elles devront tenir compte d’une multitude de réalités. Cela dit, les grandes avenues sont là. La semaine de 21h, un écart salariale maximal, des droits à la souveraineté matérielle, énergétique et alimentaire, des obligations autour du design des produits, des bonus malus pour qui vit en banlieue, etc. Toutes ces législations sont possibles, mais déjà on grimace... “Perdre ma maison, habiter au centre-ville avec mes enfants?”

La volonté :
La volonté des politiciens est celle des citoyens. C’est vrai, il y a une oligarchie supranationale qui ne voudra jamais laisser tomber ses acquis. Par contre si tout le monde s’entend sur le changement à mettre en place, des partis politique reflétant cette volonté vont se mettre en place et éventuellement être élu, collaborer avec les autres gouvernements élus et le changement pourra se faire. Le plus difficile c’est d’avoir la volonté. Les gens sont en colère contre les financiers ces jours-ci. Ils ont sans conteste poussé le système au bout, mais ils ne sont pas les seuls responsables de tous nos maux.

La transition :
La transition sera tout sauf simple. Elle sera longue parce que tout ne peut se faire en même temps. Elle sera complexe parce que tous ne partent pas du même point et que l’ensemble des législations à mettre en place auront des effets les unes sur les autres. Elle sera surtout difficile parce qu’elle signifie la fin du monde tel que nous le connaissons et le passage vers un monde nouveau avec ses avantages et ses inconvénients.

Un mot sur l’énergie gratuite :
Depuis des années, des centaines de scientifiques à travers le monde travail à trouver une façon de produire de l’électricité à moindre coût. Tous les jours des avancées majeures sont faites. Il est fort à parier qu’un jour nous aurons accès à de l’énergie à très faible coût. Le jour où cela arrivera, que nous ayons diminué notre consommation ou pas, la tentation de consommer beaucoup plus sera grande ce qui pourrait accentuer grandement la pression sur les ressources. En fait le problème de l’énergie est un faux problème, nous n’avons pas intrinsèquement besoin de plus d’énergie, nous devons diminuer notre consommation. Et si nous trouvons de meilleures sources d’énergie, elles devraient simplement servir à rendre notre production moins énergivore et à diminuer notre impacte sur la planète.

Un mot sur les loisirs et le voyage :
Il y a malheureusement un paradoxe dans tout ça. Plus de temps veut aussi dire plus de loisirs et plus de voyage (des voyages qui sont par ailleurs importants puisqu’ils permettent d’aller voir la réalité ailleurs) et les loisirs, tout comme les voyages sont très demandant. Équipement, espace, pression sur le milieu, les loisirs ne sont généralement pas très verts, mais il y a aussi moyen de faire des progrès de ce côté là. C’est simplement qu’ils devront être beaucoup plus grands puisque qu’il y aura beaucoup plus de gens dans les sentiers.

Je simplifie ?
Vous avez l’impression que je simplifie beaucoup? Vous avez l’impression que les problèmes sont plus complexes, que les solutions le sont aussi? Peut-être ai-je un peu simplifié. Mais dans l’ensemble, les problèmes sont simples et les solutions sont là, ce n’est que leur mise en place qui est complexe, mais si la volonté y est tout cela est bien possible. Il faudra par contre être patient, éviter de faire comme la Russie dans sa transition vers le capitalisme. Il faut prendre le temps de bien faire les choses et de mettre en place une transition réaliste.

Un doute :
Je viens de bâtir un grand édifice, un très grand édifice. Je l’ai fait avec la voix de celui qui sait, le confiant, certain de ses conclusions, sûr de son plan, celui qui, j’oserais dire, a la foi. Mais j’ai des doutes comme tout le monde. Le premier est celui de l’illusion qui nous guette, celle que la technologie règlera tout, celle qui peut nous faire croire qu’il est possible de continuer ainsi. Cette illusion est forte et il est impossible de démontrer qu’elle n’est qu’illusion alors il est fort probable que l’on décide de continuer à se bercer de cette illusion. Le second est celui de la volonté... Aurons-nous la volonté de le faire? Et si cette volonté se manifeste enfin, sera-t-elle celle d’une minorité, une minorité qui pourrait imposé sa vision et qui serait à jamais opposé à l’autre vision celle qui s’inscrit dans la continuité - le tout pourrait mener à des conflits sanglants...

Conclusion :
Je conclurai en réaffirmant que tout cela est possible, qu’un nouveau monde est à notre portée, mais que ce sera long et que les solutions que j’ai évoqué ci-dessus vont prendre du temps à cheminer dans les esprits. Alors Occupy Wall Street, c’est bien mais il ne faut y voir qu’un début, que le premier pas vers une longue discussion et il faut se garder de faire comme les Égyptiens qui ces jours-ci sont déjà en train de condamné le nouveau régime parce qu’aucun changement n’est encore perceptible. Il faut du temps pour modifier les institutions et l’économie d’un pays et il en faut encore plus pour modifier ceux de la planète.

.jpm

p.s. À mes fidèles lecteurs. Vous avez probablement remarqué que je viens ici de lancer en toute hâte et de façon très succincte mon fameux plan pour un monde nouveau celui dont je veut vous parler depuis si longtemps, celui que je voulais prendre le temps de détailler - il serait d’ailleurs important que je le fasse - mais comme vous l’avez déjà constater je me laisse plus souvent qu’autrement prendre par le commentaire sur l’actualité. L’actualité est une drogue dur et nous y sommes tous accros. Il m’est donc impossible de promettre de ne pas y succomber, mais je tiens à dire que je compte toujours détailler ces propos. Cela dit, à court terme je pense plutôt traduire en anglais ce court texte pour le lancer dans le débat et ainsi apporté ma petite contribution à cette réflexion globale qui semble prendre forme aujourd’hui.

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