29 mai 2012

Que faire des chômeurs ?

Le gouvernement Harper vient de déposer un projet de loi visant à remettre les chômeurs au travail plus rapidement les obligeant à accepter des emplois un peu moins payant et/ou un peu plus loin de chez eux…

C’est une mesure clairement à droite. On privilégie les coupures et la « responsabilisation » des individus. L’État leur vient en aide, mais de façon minimale. Si vous aviez un boulot payant chez un imprimeur et que votre spécialité disparait et bien tant pis pour vous, vous irez tourner des boulettes chez McDo et pas nécessairement celui à deux coins de rue de chez-vous.

La gauche aurait privilégié la formation. En mode continue ou sous forme de retour à l’école. C’est d’ailleurs ce que fait la Scandinavie depuis des décennies et ce qu’a recommandé le comité sur le travail de l’OCDE. La formation lors du chômage est un investissement plutôt qu’un appauvrissement et a le grand avantage d’être dirigé – puisque l’on vous paye pour étudier vous devez choisir parmi les branche où il y a manque de main d’œuvre. Un problème paradoxalement criant dans tous les pays de l’OCDE.

Mais il y a pire, le gouvernement Harper compte dans certains cas obliger chômeur à prendre un emploi spécifique. Le jumelage des emplois et des travailleurs par le gouvernement, c’est vraiment tout près de ce que certains gouvernements communistes faisaient à l’époque. Comme de quoi la droite peut parfois cacher des idéologies d’extrême gauche!

Et tout ça pourquoi? Voici ce qu’a dit la ministre Diane Finley à ce sujet :

« Notre prospérité économique dépend de notre capacité à relever les défis émergents et croissants du marché du travail. Elle dépend de notre compétitivité et de notre souplesse. Les pénuries de main-d’œuvre, le principal défi, vont s'intensifier en raison du vieillissement de la population et de la forte concurrence pour embaucher des travailleurs qualifiés sur la scène internationale »

Alors là bravo. Nous allons concurrencer la Chine en appauvrissement nos travailleurs et en leur offrant le moins de support possible. Et en même temps, nous allons combattre la concurrence autour des travailleurs spécialisés en évitant d’en former ici!

Que de courtes vues que ce gouvernement Harper…  Ah, bien sûr, pour la droite, la motivation à éventuellement peut-être perdre son emploi à 42 ans et à se retrouver bien démunis à flipper des boulettes chez McDo sera suffisante pour pousser les jeunes de 16 ans à choisir des carrières d’avenir. Le marché va s’ajuster tout seul, pas besoin de stratégie, pas besoin de vision à long terme…

Quand vous aurez fini de rêver à l’inexistant marché parfait les boys vous passerez me voir.  Vous savez où je loge.

.jpm

25 mai 2012

Projection idéologique

C’est dans tous les journaux depuis quelques jours. Plusieurs associations étudiantes d’un peu partout dans le monde ont organisé des manifestations en soutien aux étudiants québécois ou du moins en soutien  à l’idée qu’ils se font du combat des étudiants québécois. Ils sont à New York, à Paris ou juste à côté à Ottawa et ils portent le carré rouge.

Comme plusieurs, j’ai été un peu surpris du rayonnement de ce combat, mais c’est la diversité des idéologies le menant qui m’a le plus surpris. Ailleurs comme ici, tous ne sont pas là pour les mêmes raisons.

Certains sont là parce qu’ils ne veulent pas voir leur frais de scolarité grimper, sachant pertinemment qu’ils n’arriveront plus. D’autres sont là pour la cause. Pour eux l’éducation doit être accessible au plus grand nombre. D’autre encore sont là parce qu’ils trouvent la hausse  déplacer lorsqu’il la mettent en perspective avec les fonds investis dans le grand nord au profit des grandes entreprises.

Et puis, il y a ceux qui militent pour la gratuité pure et simple. Et ceux qui sont à Paris pour dénoncer la marchandisation de l’université, la transformation de cette institution en grande-entreprise participant à la grande machine économique, dénonçant la vision économiste de l’éducation. Et ces autres à New York, où la gronde contre les frais exorbitants du pays se fait déjà entendre depuis longtemps.

Il y donc tous ces gens dans la rue, tous ces gens qui font de la projection idéologique – ils projettent leur vision de la crise, leur idée de la juste manifestation sur l’ensemble des manifestants… Je ne dis pas que c’est malsain, ce n’est que ma lecture de la réalité. Ce que je dis par contre, c’est que la projection idéologique est en grande partie responsable du non-essoufflement de la crise. Si cela n’avait été qu’une simple question de frais, les étudiants seraient bien seuls à l’heure qu’il est.

Espérons simplement qu’une fois le « petit » problème des droits de scolarité réglé, la discussion, la confrontation des idéologies continuera. Espérons que le discours entamé durant le printemps érable saura lui survivre et continuer d’animer l’esprit critique de la population.



Tiens, pour terminer je vous laisser sur une réflexion de Christian Rioux, lu dans Le Devoir de ce matin : « Dans une société fondée sur la jouissance immédiate et qui fait tout pour livrer pieds et poings liés sa jeunesse aux marchands de modes, de gadgets électroniques et de produits culturels frelatés, l’étudiant reste en effet un des derniers citoyens à sacrifier un avantage immédiat, celui d’un salaire et tout ce qu’il procure, pour faire le choix du savoir. »

Fort juste, mais je doute sérieusement que ça touche le gars de la construction qui peste à chaque dollar qu’il envoi à Québec!

.jpm

24 mai 2012

Ne plus rien écrire

Le « débat » sur la hausse des frais de scolarité prend tellement de place que j’ai l’impression de ne pas pouvoir écrire à propos d’autre chose…

Je ne suis pas seul dans cette situation. Pas seul non-plus à vouloir ramener le débat à ses bases ou à la limite à un simple compromis entre le gouvernement et les étudiants, histoire que l’on puisse mener le vrai débat dans le calme. Quoique des fois je doute. À voir comment on a déjà oublié la crise de 2008, comment le mouvement Occupy Wall Street qui n’a qu’un an est devenu un lointain souvenir… Peut-être faut-il souhaiter que tout cela continue pour qu’on en vienne enfin à un vrai débat? Mais ce n’est pas viable et, le vrai débat, il se fait lors des élections et rendu là, malheureusement, il y a bien peu de chance que l’on échappe aux éternelles querelles de chiffres et de formules vide de sens.

M’enfin, je laisse les autre parler un peu. Ianik Marcil appel au calme et à la discussion tout en soulignant que l’homme moyen, le contribuable moyen n’existe pas. David Desjardins de son côté résume bien ce sentiment que l’on a tous de vouloir en parler sans le faire…

Bonne lecture!

.jpm

22 mai 2012

Sur la crise étudiante

La crise qui secoue le Québec me dépasse complètement. Je ne comprends pas les proportions qu’elle prend depuis des semaines. Les deux groupes sont intransigeants. Les deux groupes passent mal leur message. Les deux groupes ont leurs tors, leurs logiques, leurs positions.

Je comprends que l’on ne peut pas toujours changer les règles pour quelques milliers d’individus représentant une mince frange de la société (quoi que cette minceur soit bien difficile à évaluer). Cela dit, le gouvernement le fait régulièrement pour accommoder les promoteurs gaziers, les grandes entreprises et même dans certains cas les petites. Débloquer des milliards en prêts sans intérêts pour Rio Tinto pour créer / maintenir quelque centaines d’emplois, voire un millier alors que l’on ne veut pas le faire pour nos enfants laisse un goût amer… Mais les étudiants ne l’on pas mit de l’avant.

Quel bordel. Et puis n’étions-nous pas à deux doigts d’une résolution il y a deux semaines? Pourquoi ne pas continuer dans cette voie? Il y a des casseurs? Pourquoi ne pas faire des « sit-in », il n’y aurait pas de casse comme ça! Mais au bout du compte ce qui m’embête le plus c’est que ce débat trop polarisé n’a jamais été ramené à l’essentiel : Quel type de société voulons-nous?

Car au-delà de la crise étudiante, il y a deux voies : Ou l’on maintient un accès peu coûteux aux études supérieures afin de récupérer cet investissement dans les poches des hauts salariés issus de nos universités. Ou l’on suit la tendance actuelle : On taxe les études et on baisse les impôts des hauts salariés et des entreprises en espérant que ceux-ci créent plus de richesse que les universitaires ne l’auraient fait.

Reste que j’ai bien hâte de voir la suite des choses. Personne ne va plier et donc la solution passe nécessairement par un compromis. Mais ce n’est pas avec des lois spéciales et de la désobéissance civile que les choses vont se régler. Les étudiants doivent mettre des propositions sur la table, ils doivent prendre les devants, montrer qu’il y a plusieurs autres avenues et ainsi démontrer que le gouvernement ne fait pas ses devoirs.

Il semble que la population ne soit plus derrière les étudiants, c’est donc à eux qu’incombe le devoir de changer d’approche. Montrez-nous qu’il y a mille et une façon d’aller cherche le 600 millions manquant, mettez un plan solide, cohérent, réaliste sur la table et les gens vont vous suivre.

.jpm

17 mai 2012

Victoria Grant et le système bancaire

Il circule depuis quelques jours une vidéo virale sur Youtube. Il s’agit d’une petite fille de 12 ans qui explique comment le système bancaire canadien, comme celui des autres grandes économies de la planète, a pris en otage les citoyens et l’économie dans son ensemble.

La vidéo a été vue presque 200 000 fois depuis sa mise en ligne le 8 mai. La jeune Grant est convaincu et convaincante, elle semble être applaudie à chacune de ses allocutions. Personne ne sait trop si tout ça vient d’elle mais tous sont impressionnés par sa compréhension du système bancaire.

Je dois avouer que je suis également impressionné. Son jeune âge et ses explications tout à fait justes font bon effet. Le système bancaire a effectivement été confié au privé sans raison et celui-ci fait aujourd’hui des milliards de dollars en intérêt (sans parlé de ce qu’il cache dans les paradis fiscaux) alors que la banque centrale aurait très bien pu s’en charger ou créer à la limite des succursales indépendantes, mais où les profits sur les intérêts versés revenaient à 100% à la banque centrale. Ainsi les pays seraient certainement bien moins endettés. Et, comme elle le mentionne, tout ça peut encore être fait – la nationalisation des banques c’est possible.

Par contre lorsqu’elle parle de la création monétaire par les banques, ce qui est tout à fait réel (les banques ont tout à fait le droit de créer littéralement de l’argent pour peu qu’elles aient un faible pourcentage de l’argent créée dans leurs coffres) et qu’elle propose de stopper cette création d’argent elle semble oublier complètement que cette pratique sert avant tout l’expansion économique et que sans elle, vous devriez attendre que votre voisin ait fini de payer sa maison avant de pouvoir acheter la vôtre.

Les banques, qu’elles soient centrales ou privés doivent pouvoir créer de l’argent. Cela dit, pouvoir prêter deux à trois cents fois ce que l’on a dans nos coffres est peut-être exagérer et peut créer une surchauffe de l’économie, c’est d’ailleurs à cela que sert le taux directeur de la banque centrale – contrôler la création de monnaie.

Bref, la vidéo en vaut le détour ne serais-ce que pour voir cette petite parler avec passion du système bancaire. Cela dit, il ne faut pas tout prendre pour du cash, comme pour n’importe quel autre intervenant. Reste que son propos est intéressant et sa critique juste en grande partie. Et si elle peut intéresser plus de gens au système bancaire ce sera déjà un grand pas en avant.

.jpm

15 mai 2012

Un après-midi de père à la maison

Mercredi dernier, c’était ma demi-journée de cours. Les cours d’été se donnant principalement à distance, je m’installe généralement à la maison pour travailler. Avec les enfants qui arrivent de l’école vers 15h30, ça raccourcit une peu le cours, mais je fais avec.

J’ai donc débuté ce mercredi après-midi avec la lecture de Platon. Je me suis laissé glisser pendant une bonne heure et demie dans le long échange de La République. J’ai ensuite visionné les quelques vidéos mis en ligne par le prof  expliquant les approches « textualiste » et « contextualiste » de la philosophie politique. Vers 15h30, ayant bien stimulé mon cerveau et voyant que le temps le permettait, je me suis dit qu’un peu d’exercice physique me ferait le plus grand bien.

Les enfants sont arrivés et j’ai proposé à mon gars quelques kilomètres de jogging. Nous sommes partis au trot et avons couru un petit 3km dans le quartier. Au retour, j’ai pris un grand verre d’eau et je suis allé plier du linge avec mon gars. Mon fils étant parti ranger ses vêtements, j’ai profité d’une petite pause entre les deux enfants et j’ai  fait quelques séries sur ma planche d’escalade. Puis ma fille est venue me rejoindre et nous avons plié ses vêtements.

Le lavage complété, j’ai mis le cap sur la cuisine pour lire le journal pendants quelques minutes en prenant un autre grand verre d’eau et une légère collation. Je me suis ensuite mis à la confection du souper sans stress, j’avais du temps devant moi et la soirée s’annonçait plutôt tranquille.



Ce n’est qu’en me levant le jeudi matin que j’ai réalisé à quel point j’avais passé un après-midi extraordinaire. Platon, la course, le temps avec les enfants, la petite pause actualité et le temps de faire un bon souper…

Évidemment, comme toujours, je finis par me demander pourquoi diable est-ce que nous travaillons autant? Ça n’a aucun sens, ce n’est pas nécessaire et ça nous oblige à courir comme des fous pour se tenir en bonne forme physique et mentale. Quand est-ce qu’on va finir par comprendre? Je ne le sais pas, mais il est clair que nos vie quoique trépidante sont gravement débalancé.

Comme le disent certains depuis bien longtemps déjà, il faut commencer à envisager la suite des choses et à penser la transition vers cette suite.

.jpm

14 mai 2012

Les affres de l'austérité économique

Je vous renvois aujourd'hui vers un article du journal Le Monde publié par Le Devoir sur l'échec pattant des mesures d'austérité économiques mises de l'avant en Europe depuis la crise de 2008.

Je ne m'étire pas sur le sujet. L'article est dense, très bien écrit et fort pertinent. Je me permet cependant de commenter la dernière phrase de l'article : "Aujourd’hui, l’Europe semble pourtant en suivre aveuglément les préconisations comme si l’offre pouvait, à elle seule, être le seul moteur de la croissance."

Ici, on parle de l'offre comme moteur économique. Dans ce contexte il est sous-entendu que l'on privilégie l'offre plutôt que la demande. On privilégiera les mesures visant à hausser l'offre (en diminuant les coûts de fabrication) plutôt que de hausser la demande qui passe généralement par une majoration des salaires.

Voilà, bonne lecture.

.jpm

9 mai 2012

Le langage commun

Je suis sorti dîner hier avec amis et collègues. Nous avons bien discuté. État, immigration, religion, intégration et finalement éducation, frais de scolarité et accessibilité…

L’essentiel étant que nous avons fini par parler de contingentement et éventuellement de nécessité de certaines disciplines. Comme plusieurs le font valoir, nous n’avons pas besoin au Québec de former des centaines d’anthropologues ou de philosophe ou de sociologue, etc.

Cela est tout à fait vrai et défendable et il serait relativement simple de contingenter ces programmes afin de ne garder que les meilleurs. Ou alors sans même contingenter, il serait possible, comme le font d’autres pays, de majorer les bourses pour les étudiants qui s’inscrivent dans des programmes où il y a pénurie.

Mais il y en a qui vont plus loin et remettent carrément en question la nécessité de former des anthropologues ou des philosophes. Ils les balaient complètement sous le tapis. « Bah, les philosophes, de toutes façons ça ne sert à rien. »

Je pourrais ici me lancer dans de grandes explications sur l’importance de ces disciplines, mais je vais me contenter d’un seul point, un argument qui s’applique à une grande part des sciences dites molles.

Il s’agit de ce qui fait que beaucoup de nos discussions sont pénibles et improductive. Il s’agit de ce qui fait que souvent on s’obstine l’un l’autre alors qu’au fond on dit la même chose, il s’agit d’un truc qui a cruellement manqué durant cette heure de dîner : Un langage commun.

Je sais, ça a l’air simple comme ça, mais une des grandes fonctions des sciences humaines c’est justement de se pencher sur notre humanité et de lui donner des outils pour qu’il soit possible de discuter et de se comprendre. Une foule de concepts largement utilisé aujourd’hui sont issu des sciences humaines et progressent grâce à elles. Que l’on pense simplement à la justice ou aux classes sociales…

Bref, si nous n’avons pas besoin dans les faits de 100 nouveaux anthropologues ou autres par an au Québec, il ne faut pas non plus croire que nous n’en n’avons besoin d’aucun. Surtout lorsqu’il survient une crise où la société doit se mettre en mode discussion.

.jpm

8 mai 2012

Un cadre pour le carré rouge

Le diable est dans les détails, c’est bien connu. L’entente intervenue entre le gouvernement et les associations étudiantes en grève n’y fait certes pas exception, elle en est même un excellent exemple.

On pourrait également la citer dans une explication sur la différence entre la loi et l’esprit de la loi. Le gouvernement garde la hausse en place, mais les universités vont diminuer les frais afférents le temps que l’on réduise leurs coûts d’exploitation. Très bien c’est un bon pas, mais cette réduction de coût servira-t-elle à ne réduire que les frais afférents? L’esprit de l’entente n’allait-elle pas plus loin?

Quoi qu’il en soit, tout ça reste bien prêt du carré rouge. J’aurais bien aimé que ce débat décolle un peu. J’aurais aimé une vision plus large. Québec Solidaire, l’a presque fait. La CAQ aussi. Les deux partis ont proposé des solutions systémiques, mais ne les ont jamais expliqués en ces termes-là.

Ce n’est pourtant pas si compliqué. Pour QS, il faut taxer les banques afin de payer les frais de scolarité des étudiants. C’est sorti comme ça. Une meilleure approche à mon sens eu été de dire que comme parti de gauche QS prône l’égalité des chances et qu’en ce sens ils sont pour la gratuité scolaire. Mais que, prônant également de taxer la richesse, ils vont également hausser les impôts des gens riches qui sont généralement des universitaires qui ont prospéré grâce à l’excellent formation qu’ils ont reçu gratuitement à l’université. C’est simple à expliquer ça non? Ça tient dans deux phrases et ça démontre une position qui tient compte de l’ensemble du système économique.

La CAQ y va à l’inverse et ce n’est pas plus mauvais, du moins en théorie. Mais encore là ils n’ont pas inscrit leur proposition dans le système économique. Les Libéraux qui ont également une position défendable, auraient pu présenter les choses autrement, mais ils ne l’on pas fait.

C’est à croire que nous sommes pris dans ce moule de la formule simple, de l’instantané, du court terme. On oublie complètement que toutes ces décisions sont et devraient être prises dans un état d’esprit systémique et sociétal.

La société est une courtepointe, c’est indéniable, mais il ne faut certes pas perdre de vue les coutures, les motifs et le fait qu’il s’agit d’un ensemble qui a besoin de cohérence, sinon ce ne sera plus une courtepointe.

.jpm

3 mai 2012

Se fatiguer pour la peine

Ça y est je suis encore trop fatigue à mon goût… Vous savez, le genre de fatigue qui fait qu’à 15h00 on commence à avoir de la difficulté à travailler et qu’à 20h00 on se dit qu’on devrait aller dormir. Mais on ne le fait pas bien sûr, 20h00 c’est trop tôt : « Pas eu de soirée! »

Par contre il y a un truc qui m’est passé par la tête hier en allant dormir et en réfléchissant aux raisons de cette fatigue… À chaque fois, je le sais que je vais être fatigué et que je dépasse les limites du raisonnable, mais bon j’ai toujours une bonne raison, enfin presque toujours.

J’avoue que des fois c’est pour des stupidités genre des émissions pas si intéressant mais sur lesquelles on est accroché, mais la plus part du temps c’est pour une bonne raison. Lundi dernier c’était pour passer une soirée avec mon cousin et sa blonde, on ne se voit pas souvent alors on en a profité, quelques bières, un peu de musique et hop, il était minuit. La semaine dernière, idem avec un ami… Et puis régulièrement c’est avec ma blonde que l’on s’assoie et qu’on prend une bière – faut bien se voir un peu en dehors du cadre habituel!

Quand je ne me couche pas tard, je me lève tôt, 6h00 pour une pratique un samedi. 7h00 pour aller grimper un dimanche avant-midi ou à l’inverse, je me couche tard parce que je reviens du gym à 22h00…

Bref quand je suis fatigué c’est que ça en valait la peine. Peut-être ai-je une vie trop active, peut-être devrais-je mettre moins de temps à me tenir en forme, à suivre mes enfants dans leurs activité, à voir mes amis et ma famille, mais juste à l’écrire, je vos bien que ça ne fait aucun sens pour moi… Peut-être alors devrais-je me garder quelques jours de repos par semaine. Mais le reste est tellement difficile à planifier dans l’ensemble, je me vois bien mal réussir à planifier du repos d’avance.

Le problème c’est probablement que j’aime tout ce que je fais, que je veux toujours bien le faire et qu’être fatigué me dérange justement parce que j’ai l’impression de ne pas tout faire au mieux…

C’est comme pour se blogue. Quand je vous raconte ma vie, que je vous explique pourquoi je suis fatigué, comment je l’entrevois, j’ai l’impression de vous laisser tomber et de vous entretenir de platitudes simplistes, mais d’un autre côté je me dis toujours que je ne suis pas le seul et que de réfléchir à ce que la façon dont on vie est toujours important. Il faut savoir comment et pourquoi on fait les choses.

Et au bout du compte, ce petit texte vous obligera peut-être à vous poser les mêmes questions que moi! Bonne réflexion et tenter de vivre en paix avec vous-même…

.jpm

1 mai 2012

Le piège du désir

Nous vivons dans une société qui carbure au désir. Notre désir de posséder surtout.

Alimenté par des campagnes de pub, par la volonté de trouver le bonheur, de se sentir heureux, nous consommons. Nous nous payons une belle voiture, un écran plat, un voyage dans le sud. Si la cuisine est un peu désuète, on lui refait une beauté comme dans les magazines, au goût du jour, style moderne ou champêtre avec des électroménagers qui collent au décor et quand ce n’est pas la cuisine, c’est un chalet, un voilier, etc.

Chaque nouvel achat nous donne l’impression que l’on va enfin toucher au bonheur, avoir une vie complète, comblée. Mais en fait ce ne sont pas les achats, mais plutôt le désir qui nous pousse de l’avant. « Je vais être plus heureux avec tel truc, ma vie va être meilleure avec tel autre. » Mais une fois ledit truc entre les mains on se rend bien compte que ce n’est pas beaucoup mieux qu’avant. L’incrément de bonheur est infinitésimal et alors on reporte notre désir sur un nouvel objet.

Ce n’est pas ma thèse, mais je crois qu’elle juste jusqu’à un certain point. Par contre lorsque j’ai entendu cette thèse, j’ai rapidement fait le lien avec la vie professionnelle et personnelle dans leur ensemble. Il m’est arrivé à quelques reprises récemment d’avoir à parler de mon parcours et en regardant ainsi derrière moi, je me suis bien rendu compte que j’aurais pu faire bien d’autre choix. J’ai désiré et je désire encore bien d’autres carrières, bien d’autres parcours…

J’aurais pu faire bien d’autres choses. J’aurai pu, j’aurai pu, mais je ne l’ai pas fait. Et, regardant derrière et imaginant ces autre vie j’ai tendance comme tout le monde à les idéaliser. On ne regarde bien que ce que l’on veut voir. J’aurai pu voyager plus. J’aurai pu continuer à l’université. J’aurai pu faire un tour du monde au début de la vingtaine. Mais à l’époque, les choix que j’ai fait me semblaient les meilleurs. Je ne dis pas qu’aujourd’hui ce n’est plus le cas, mais j’aurais pu…

Une fois à ce point de la réflexion, on regarde généralement ce que l’on finalement fait et on tente une comparaison bien approximative avec les divers possibles à côté desquels nous sommes passés. Évidemment on veut toujours mieux et c’est là que le piège du désir se referme sur nous. « J’ai fait ceci qui n’est pas si mal, mais j’aurais pu faire cela qui aurait pu être bien mieux. »

De ce piège nul ne peut vraiment sortir à moins de se comparer à des scénarios du pire, ce qui peut s’approché du défaitisme (mais à mon sens, il est tout à fait sain de le faire), ou en adoptant la philosophie bouddhiste qui consiste à éviter les attentes et à être en paix avec nous-même (ou plus passivement à tout remettre en les mains de Dieu).

Si on veut rationaliser la chose, ce qui est généralement mon approche, on regarde le chemin parcouru en se remémorant les raisons de nos choix, les circonstances, les désirs de l’époque et on se dit que l’on a, au final, eu le parcours que l’on bien voulu se donner. Et puis tant que l’on est là, il est toujours possible de changer de direction même s’il est impossible d’éliminer les années passées, il faut faire avec nos choix, avec notre cadre, mais c’est encore bien de la marge de manœuvre pour qui a des rêves…

.jpm