27 sept. 2012

Le gars du dépanneur

Je suis allé mettre de l’essence hier. En entrant pour payer, le commis s’approche et me fait part de mon total avant de me pointer le terminal pour ma carte à puce. Je m’exécute et alors que je travaille sur la transaction, le gars, clairement dans la vingtaine, se penche pour lire la une du Journal de Québec selon laquelle l’industrie serait en train de préparer un méga-poursuite contre le gouvernement Marois.

Le commis se recule, je lui demande de quoi il s’agit et il me répond que l’industrie du gaz de schiste veut poursuivre le gouvernement « probablement à cause de la hausse d’impôt ».

Hein fis-je, l’industrie du gaz de schiste? Non, c’est probablement parce que le gouvernement vient de dire qu’il n’y aurait pas d’exploitation de gaz de schiste au Québec. « Ah, ouais ».

Je poursuis en soulignant qu’ils le font alors que l’évaluation du BAPE n’est même pas terminée.

Alors il me relance : « Ouais, mais ils ne peuvent pas poursuivre le gouvernement, tsé, quand le gouvernement décide quelque chose, c’est ça, tu peux pas contester. » Ouf.

Vous vous doutez bien que je n’avais pas le temps de lui faire un cours de politique en règles et de lui expliquer les bases d’une société démocratique moderne en insistant bien sûr sur l’importance de la séparation des pouvoirs. N’a-t-il rien compris non plus de ce qui se passe à la commission Charbonneau?

Je me résigne à lui répondre que oui, il est possible de poursuivre un gouvernement et qu’il y a même plusieurs alternative mais que celle de l’OMC, « l’Organisation Mondiale du Commerce » spécifiais-je, était de plus en plus courante et que dans les fait elles nous coûtaient très cher.



Deux choses. Un, Le Devoir a démentis ce matin cette idée de la méga-poursuite, parait que l’industrie n’a rien de tel dans ses cartons et deux, je n’arrive malheureusement pas à trouver le papier sur le coût des poursuites faite envers le Canada à travers l’OMC, mais si me rappel bien, il s’agit de plusieurs centaines de millions de dollars annuellement.

Sinon, il reste l’évidence. Le fait qu’il y a certains de nos concitoyens qui manque profondément de culture politique.

.jpm

25 sept. 2012

Les 48 heures du ministre Lisée

Cette semaine Jean-François Lisée publiait sur son blogue un compte rendu des premières 48 heures de son tout premier mandat de ministre.

Le texte est long mais fort intéressant. Il nous donne une juste mesure du travail de députer, des dossiers qu’il a à suivre, des transitions de gouvernement et de la taille de l’appareil gouvernemental, le tout sur un ton bon-enfant qui rend la lecture agréable.

Cela dit, mis à part la mise au jour de certains rouages de l’appareil gouvernemental que je ne connaissais point le texte m’a surtout surpris par l’ampleur du rôle confié à au nouveau ministre surtout que l’on n’a cessé de dire dans certains médias que Mme. Marois avait tassé M. Lisée dans un coin où il ne pourrait pas faire grand-chose, où il lui serait difficile de briller et donc, à court terme, de lui voler la vedette.

À mon sens, et à voir comment il a su brillement s’en tirer lors de ses premiers pas comme patron dans ses nouveaux ministères, Jean-François Lisée est un des ministres qui risque le plus de faire parler de lui en bien. Avec Montréal et la communauté anglophone, il peut marquer beaucoup de points et s’afficher comme un rassembleur capable de grandes choses. Du côté du commerce c’est moins évidant, mais il reste que s’il travaille bien de ce côté-là, il aura l’ensemble de la communauté d’affaire québécoise avec lui s’il en venait à briguer la direction du PQ.

Et puis bon, entre vous et moi, Pauline, elle est probablement bien compétente (malgré cette énorme faux-pas sur les impôts rétroactifs), mais peu de gens rêve d’avoir une belle-mère à la tête de l’État. Elle ne passe tout simplement pas.

.jpm

21 sept. 2012

Mon Ouest américain – Cinq

Je suis revenue de voyage depuis un mois. Le voyage me parait maintenant être à des années lumières de moi. J’en garde un souvenir vague et confus de façon générale, comme tous les souvenirs, mais en repensant à certains passages, je suis en mesure de me remémorer une multitude de petits détails qui rendent mes souvenirs très vivants…

Voici mes dernières petites notes.

Salade concombre à la chinoise : Une de nos meilleures bouffe et une belle surprise en soit fut notre repas à l’Imperial Gourmet Chinese à Bishop, une petite ville à la croisé de deux routes permettant le passage entre les deux chaines de montagne qui séparent la Californie du Nevada. Si vous être dans le coin, passer souper là et aller prendre une marche sur le « Volcanic tableland », suivez les indications pour les « Happy boulders ».

Même après 15 jours de route avec un odomètre et des distances en miles, je suis toujours incapable de m’y habituer, je vois « Bodie 21 » sur une pancarte et mon cerveau estime automatiquement le temps que ça va prendre. Et puis, immanquablement après le temps prévu, je me demande pourquoi la destination me semble encore aussi loin… Ah, c’est vrai on est en miles ici.

À Las Vegas, la seule machine à bouton avec laquelle t’es certain d’avoir quelque chose qui tombe c’est la machine à glace! Même pas besoin de mettre de l’argent dedans!

Réalisation soudaine à Vegas : 6h45 du matin, dans le casino désert de l’hôtel, de machines à sous à perte de vue et des télés sur « mute » à divers postes. L’une d’elle diffuse les images d’un homme en train de faire un discours. C’est le président des États-Unis – et il est noir! Je sais, on le prend pour acquis, mais ça m’a vraiment frappé ce matin-là, un président américain noir, c’est de la science-fiction, jamais je n’aurais cru ça possible il y a 15 ans.

Endroits préférer de la famille : Mon fils de 12 ans, Yosemite, Venice Beach. Ma fille de 10 ans, Yosemite, Hollywood. Ma blonde, Getty Museum à L.A. et Venice Beach (les canaux), toujours à L.A. Moi, Yosemite et Bishop. Plus grandes déception : Moi et ma blonde, Hollywood. Truc le plus inattendu : Les enfants, les casinos de Vegas!

En final, 18 jours de route, c’est long. On oublie souvent que l’on dort mal en voyage et que l’on se fatigue un peu plus vite. Nous nous sommes beaucoup déplacés… Si c’était à refaire, je ferais plutôt entre 12 et 14 jours et j’éliminerais la partie Phoenix - Los Angeles et je passerais plus de temps dans les parcs nationaux.

Mais au bout du compte, j’aime toujours autant voyager, je garde d’excellent souvenir de ce long périple et je suis impatient de repartir…

.jpm

19 sept. 2012

La LNH et Mahomet

Qu’ont-ils en commun? Rien sinon que les victimes sont toujours collatérales…

Je ne suis pas le hockey, je ne suis même pas un fan et le lock-out me laisse en définitive complètement indifférent. Cela dit, je ne comprends pas la logique des propriétaires ou en fait, je ne la comprends peut-être que trop.

Décréter un lock-out ne fera pas mal aux joueurs, ils sont tous millionnaires ou presque. Quelques mois ne devraient pas trop les déranger. En fait, ceux à qui ça va faire mal ce sont les petits commerçants, ceux qui vivent autour de la grosse machine qu’est le hockey professionnel. Ce sont eux qui vont faire les frais du vide laissé par l’absence de match.

Mais les petits commerçant ne peuvent rien pour régler le conflit, ils ne sont pas en mesure de mettre de la pression. Les propriétaires des amphithéâtres eux, par contre, pourraient mettre un peu de poids sur la ligue, mais ils ont généralement des parts dans les équipes et/ou font parties de grands conglomérats que les pertes engendrées par le conflit ne dérangeront que très peu en définitive – on classe ça dans la colonne des pertes et ça permet de payer moins d’impôts à la fin de l’année.

Bref le lock-out ne va faire, à mon sens, que des dommages collatéraux.

D’ailleurs c’est un peu de même pour les fous d’Allah. Les radicaux, on le sait, sont malades ça n’y changera rien, on ne les  trouvera pas plus raisonnable après ça, loin de là. Et, les dirigeants qui dénoncent les actions de part et d’autres, soulignant dans la même phrase l’importance du respect de l’autre et le droit à la liberté d’expression.

Non, ce sont tous ceux entre les deux qui vont en souffrir le plus, les modérés qui vont encore voir leur religion mis au ban et les instances gouvernementales qui n’ont rien à dire dans le conflit mais qui se trouvent tout de même sur la ligne de feu.

Cela dit, contrairement au conflit dans la LNH, celui-ci est loin de me laisser indifférent. Je trouve comme toujours que cette bande de malade dépasse les bornes. Je vous explique ce dépassement en deux mots.

C’est bien simple. Je n’ai pas de problème fondamental avec les religions. Je trouve ça con, mais je comprends la volonté de ses gens à vouloir adhérer à une religion et je respecte ce choix. Mais, une religion c’est personnel, ça relève de la vie intérieure et ça ne peut en aucun cas être imposé aux autres qui auraient fait un choix différent. Or voilà que cette bande de malade qui maintiennent que toute de représentation de Mahomet est interdite veut imposer cette interdit à tous. Eux n’ont peut-être pas le droit de le représenter, mais ça n’engage qu’eux! Je ne suis pas musulman alors en quoi leurs engagements me concernent-ils?

Il y a un film avec un acteur qui joue Mahomet? Il y a un magazine qui le caricature? Pas de problème, personne ne les obligent à les regarder! D’un autre côté s’ils veulent savoir ce que les autres pensent d’eux et qu’ils regardent – grand bien leur fasse – qu’ils en assument les conséquences!

.jpm

14 sept. 2012

Mon Ouest américain – Quatre

Le voyage a bien change. Il n’y a pas si longtemps, loué une voiture à l’étranger était compliqué, aujourd’hui on fait ça par internet plusieurs mois d’avance. Puis il y avait les motels à dénicher sur la route et les cartes à déchiffrer… Aujourd’hui bien ce sont les indications de Google Maps qu’il faut déchiffrer : 53 secondes sur la Highway 5 – Vous la connaissez celle-là non?

Mais malgré ces changements technologiques le voyage est toujours pareil à lui-même.

Voyager c’est improviser des jeux en voiture, comme les enfants qui jouent à Mastermind avec des couvercles de boisson gazeuse. Voyager c’est voir les paysages évoluer – d’ailleurs, la Californie ce n’est que ça de fantastiques paysages, un derrière l’autre. La vue, la vue, la vue.

Voyager c’est profiter des petits moments, des arrêts pipi pour voir l’envers du décor. Profiter des pauses pour faire de la photo. Profiter des arrêts maux de cœur pour sortir respirer nous aussi…

Voyager c’est aussi et surtout faire des compromis. Sur la bouffe, sur les  activités. C’est savoir s’adapter, essayer de plaire à tous sans s’oublier. Parfois c’est coûteux. Les enfants se lassent des paysages et de la marche alors on loue des vélos, par contre faire un petit détour pour descendre Lombard Street à San Francisco ne coûte rien et leur fait bien plaisir.

Voyager c’est improviser, faire au mieux avec ce que l’on a sous la main. C’est apprendre à vivre avec l’incertitude. Rien n’est aussi parfait que dans les guides de voyage. La réalité est généralement plus floue, moins évidente, tout n’est pas donné comme dans la publicité. Il faut savoir trouver les petits coins intéressant, sortir des sentiers battus et parfois savoir y rester!

Mais au-delà de tout ça, voyager c’est découvrir. Découvrir l’ailleurs, l’autre et surtout découvrir ceux avec qui l’on voyage et aussi se découvrir soi-même. Les voyages forment la jeunesse comme on dit. Hé bien ils forment également les parents, rapprochent les familles et permettent à tout un chacun de partager des moments qui n’existent pas dans le quotidien.

Voyager c’est apprendre, grandir, comprendre, se questionner, découvrir.

Voyager, c’est voyager!

.jpm

10 sept. 2012

Mon Ouest américain – Trois

L’Ouest est une terre de grands contrastes, tant du côté des paysages que du côté humain, les petits villages perdus (On a croisé Harmony, 12 habitants) côtoient les mégapoles et la richesse opulente côtoie la pauvreté institutionnalisée.

À San Francisco, afin de ne pas se ruiner nous avons opté pour un petit hôtel en ville à la limite du secteur où se tiennent les sans-abri. Dans le hall de l’hôtel, une petite pancarte explique pourquoi il y a tant de sans-abri dans le secteur et à San Francisco en général.

La raison est simple, le secteur où l’on couchait, comporte un important nombre de services pour les sans-abri et plus globalement, San Francisco et la Californie sont des endroits aux États-Unis où il y beaucoup de services pour les pauvres. Cette abondance de service attire les pauvres et les sans-abri en ville.

Le problème c’est que les emplois ne sont pas en ville à San Francisco. Ils ne sont surtout pas au centre-ville. Les emplois, nous les avons vus à Salinas, une centaine de kilomètres au sud de San Francisco, là ça bouge! Des champs à perte de vu et tous recrutent… Mais les Américains n’y vont pas. Ce n’est pas pour eux, ils laissent les champs aux Mexicains qui, visiblement y trouvent leur comptent.

Des Mexicains, il y en a au États-Unis. Une grande partie du pays est même en train de devenir bilingue du côté de l’affichage. Je dois dire que je comprends jusqu’à un certain point les Américains de se sentir quelque peu envahis par ces immigrants venu du Sud. D’un autre côté j’ai bien l’impression qu’ils ne réalisent pas que sans eux l’économie américaine s’effondrerait complètement. L’agriculture et les services dépendent en grande partie de cette population migrante qui accepte de travailler pour des peanuts et ce de Los Angeles à New York en passant par l’Arizona, la Floride et même le Colorado.

Également vu à San Francisco, tout prêt du Gap original, les derniers remparts d’Occupy SF. Il n’y avait plus grand monde là. Le mouvement aura certainement eut son impact. Malheureusement, mis à part les quelques raccourcit théoriques et les slogans qui ont du punch tel que le fameux 99%, il ne reste pratiquement rien et à la vue de Occupy SF j’ai vite compris pourquoi. Le mouvement a été complètement bouffé par sa frange radicale.

Il est vrai que c’était un mouvement de tous, pour tous, le 99% contre le reste. Et s’il y avait ce 1% de riches qui ne se sentaient pas concerné, il y avait également un autre 1%, celui à l’autre bout de l’échelle de valeur auquel la masse des 98% ne pouvait s’associer et donc à la fin ils ont décrochés…

Les grands contrastes compliquent toujours les choses, mais c’est ce qui rend la vie intéressante.

.jpm