21 déc. 2012

Du caractère infini de la planète

Je regardais la carte du monde qui trône au-dessus du bureau d’une collègue aujourd’hui et je constatais que même en ayant beaucoup voyagé, je n’ai presque rien vu de la planète. J’ai des amis qui ont voyagé beaucoup plus que moi, ils ont touché tous les continents, vus quelques dizaines de pays, mais même eux n’ont vu qu’une infime fraction de la planète.

Si cette constatation sur la grandeur du monde a toujours été vraie, elle se pose aujourd’hui dans un cadre bien différent. Comme chacun le sait, le monde est plus petit que jamais. On communique avec l’autre bout de la planète en quelques dixièmes de seconde, on y vol en quelques heures. Nos chaussures viennent de la Chine, notre bœuf du Brésil, notre téléphone de la Finlande. Toute la planète ou presque est porté de la main, on peut traverser l’Europe sur le pouce, franchir les deux Amériques à vélo ou prendre le train de Moscow à Beijing…

Mais notre monde, bien qu’il soit circonscrit sur sphère de dimensions finies, est totalement infini, il est fractal. C’est une surface avec un périmètre infini.

Ainsi malgré sa petitesse relative, celle que nous aura apporté la télécommunication et les avions à réaction, le monde demeure infiniment grand. Même si l’anglais domine, il se parle encore plusieurs milliers de langues sur la planète. Même si la principauté de Monaco est toute petite, il nous faudrait une vie ou presque pour en connaitre tous les recoins, tous les cafés, tous les bars, tous les hôtels – et je ne parle même pas des gens!

J’ai eu la chance de voyager un peu partout, j’ai fait New York, Hong Kong, Paris, Barcelone, Tokyo, Los Angeles… J’ai vu les déserts américains, la campagne Sud-Coréenne, l’Ouest Canadien et Rivière-du-loup, mais je n’ai jamais mis les pieds sur le continent Africain, ni en Amérique du Sud, pas plus qu’en Océanie et je ne connais rien de l’Europe de l’Est.

J’ai le vertige rien que d’y penser…

Notre monde est très vaste et rien ne contribue plus à nous rapprocher les uns des autres que de le parcourir et de voir comment les autres vivent. Les voyages sont extrêmement enrichissants.

Alors voilà, pour cette nouvelle année qui s’en vient, je vous souhaite, la santé, bien sûr, mais aussi beaucoup de voyages!

.jpm

p.s. Ouais, c’est déjà le temps des fêtes, je risque d’être plutôt absent, mais je vais peut-être publier un peu aussi… Sinon ma présence habituelle devrait reprendre vers le 7 janvier. Bon congé!

19 déc. 2012

Les tueries et la foi en Dieu

Les commentaires sur la tuerie de Newtown continuent d’occuper les manchettes. On se pose des questions, on remet certains choix en question, on relativise le tout…

Sarah Palin a voulu ajouté son grain de sel et nous parler de son appréciation de la situation et ce faisant elle a dit mettre sa foi en Dieu plutôt de la placer chez les politiciens et les élites médiatiques.

C’est un commentaire très conservateur tout à fait dans la veine de ceux qu’elle nous a offert par le passé. Au premier niveau ça n’a évidemment aucun sens. Dieu, au mieux n’y peut rien, au pire s’en fout complètement – et ça bien sûr c’est en considérant qu’il existe. Pure folie pour ma part.

Par contre si on prend son commentaire au second niveau, si on prend le temps de lire son commentaire au complet, on comprend qu’elle considère que le problème actuel de la société repose sur une élévation de l’individualisme et de la cupidité par les politiciens, leurs politiques et bien sur les grands médias.

Si on peut s’entendre sur une part du problème, je suis un peu moins rapide à condamner les mêmes acteurs sociaux qu’elle. Mais qu’à cela ne tienne. Je crois que ce qu’elle souligne vraiment dans la réaffirmation de sa foi en Dieu c’est en fait sa confiance en une certain image  des valeurs chrétiennes de base. Celles de la petite communauté tissé serrée, celle où tous se connaissent, où tous vivent à l’unisson…

Je peux comprendre la nostalgie de cet idéal, mais ayant connu bien des gens qui ont voulu  quitter leur petit village à cause des pressions conformistes qu’ils y subissaient, je suis bien loin de croire en cet idéal.

Cela dit, je dois cependant concéder à Mme. Palin que l’idéal de la cité anonyme et complètement atomisé n’est pas mieux. Ce n’est d’ailleurs qu’une vision théorique servant à expliquer simplement un modèle complexe, ce n’est certes pas la vision qu’entretiennent la plupart de gens à propos de leur ville.



Et Dieu dans tout ça? Hé bien est un élément de culture et pour revenir à mon explication de la ville anonyme et atomisé, Dieu n’est peut-être  aussi qu’une vision théorique dans ce commentaire de Palin… D’ailleurs, ce droit de posséder une arme et cette idée qu’elle seule assure la sécurité sont également des éléments culturels et bien théorique. Reste à savoir à quel idéal on veut se raccrocher. Pour ma part le choix est clair, point n’est besoin d’un Dieu, la cité humaine et la paix sociale apporté par la répartition économique et un filet social digne de ce nom est la voie à suivre.

.jpm

17 déc. 2012

La mort au bout du chemin

Je viens d’apprendre qu’une de mes collègues est sur son lit de mort, à quelques jours de la fin, peut-être moins. C’est un cancer devenu presque généralisé qui aura eu raison d’elle…

Je suis déjà en train d’en parler au passé. C’est dur. Les mots manquent.

Dans les couloirs on évite le regard de l’autre. Tout le monde est atterré, puis on se parle, mais on ne sait pas quoi dire. Ça fait mal c’est évident, ça choque, elle est si jeune, à peine la trentaine.

Ça fait bizarre après la tuerie au Connecticut, ils étaient tous jeunes et on aura rien vu venir, mais la mort est une chose de proximité et malheureusement le Connecticut est beaucoup plus loin que le bureau vide de ma collègue…

Mais puisqu’il faut continuer, on se replonge dans le travail. L’entrain habituel n’y est pas, mais échanger sur le boulot avec les collègues permet d’oublier un peu. On s’engourdis avec le travail, on replonge, on se met la tête ailleurs. La routine est salvatrice.

Bush, au lendemain des attentats du onze septembre avait semblé, pour beaucoup, vouloir relancer l’économie en invitant les gens à aller magasiner. Peut-être en fait avait-il à sa manière donné le meilleur conseil possible, n’oublier pas les gens, mais reprenez votre vie, votre train-train quotidien, c’est la meilleure façon de continuer sans trop souffrir.

Au bureau l’atmosphère va être lourde toute la semaine. Nous marcherons tous vers l’annonce fatidique d’un pas lent, voyant l’inévitable approcher… Que faire d’ici-là? Pas de bonne réponse.



Vous vous souvenez de ce billet sur la très maladroite comparaison du gouvernement entre le cancer et la dépression ? Hé bien elle est là la différence. Ma collègue atteinte du cancer risque fort de mourir dans quelques jours alors que mes deux collègues qui ont fait une dépression sont de retour au boulot en pleine forme.



La vie est injuste vous dites-vous? Certains de mes collègues sont fâchés, d’autre triste. « Chienne de vie ». Malheureusement, la vie ne répond pas à ces catégories purement humaines – il n’y a pas de notion de justice et d’injustice ici. C’est une loterie sans plus. Certain perdent d’autres gagnent.  Ce qui est malheureux, c’est qu’une certaine part de ceux qui gagnent soit trop cons pour s’en rendre compte.

.jpm

13 déc. 2012

Le libre marché

C’est en répondant à une plainte d’un client la semaine dernière que j’ai réalisé à quel point le libre marché fonctionnait bien dans le monde des PME et de produits de petite consommation alors qu’il est totalement factice, voire inexistant, dans le monde des grandes entreprises de consommation de produits coûteux.

C’est bien simple, dans notre cas, si un client se plaint on se plie en quatre pour trouver une solution, une réponse. On remplace le produit ou mieux encore on reproduit le problème rencontré en laboratoire pour être en mesure d’aider notre client  à le régler et à utiliser nos produits plutôt que ceux de la concurrence. Ça nous coûte très cher, mais ces pratiques nous gardent éveillé, elle nous permettre de bien comprendre les besoins de nos clients et à améliorer nos produit et notre service.

Du côté de la petite consommation, grille-pains, pelles et chemises, les Wal Mart de ce monde se fendent en quatre pour nous vendre le meilleur compromis prix/qualité et les fabricants derrière doivent travailler d’arrache-pied pour nous offrir des produits intéressants et tentants afin que nous dépensions nos fonds discrétionnaires chez eux. C’est encore plus difficile pour les entreprises qui vendent des services…

Bien sûr, je ne dis pas que le modèle d’affaire de Wal Mart est parfait, ni celui du garage du coin, mais au moins on s’approche quelque peu du modèle de marché idéalisé que les grands défenseurs dudit modèle nous parlent toujours.

Du côté des grandes entreprises vendant des produits coûteux, c’est une autre histoire. Vous avez déjà été vous plaindre de la qualité de votre voiture chez le concessionnaire? Vous avez déjà été vous plaindre de la durée de vie de votre iMac? Trois ans et il meurt, la carte mère est fini… Les vendeurs s’en tapent, ils en sortent des millions par année, vous êtes tombé sur un citron, ça arrive, mais tant que ça ne dépasse pas 10% des ventes l’entreprise ne fera rien, pire encore, ça va prendre un recours collectif pour la faire bouger.

Plus le truc coûte cher, plus l’entreprise est grosse, plus les problèmes du consommateur son minimisé et marginalisé. Ils en vendent des millions par année et leur réputation n’est plus à faire, de toute façon, tous les joueurs de l’industrie joue exactement la même partie…

Il est où à ce moment-là le libre marché? Vous pouvez choisir entre une méga-entreprise ou une autre, mais au bout du compte, Mazda, Hyundai ou Ford, c’est du pareil au même, ils sont bien content de vous voir quand c’est pour vous faire dépenser de milliers de dollars, mais quand un problème survient, ce n’est pas garanti, c’est une statistique et puis vous pouvez bien aller voir chez le voisin ça ne m’affectera en rien – le char vous l’avez déjà acheté, il est trop tard.

Bref, le marché n’est pas aussi libre qu’on veut bien nous le faire croire et malheureusement ces qui travaillent dure sont les plus petits, ceux pour qui perdre un client fait vraiment mal, les autres, les grandes multinationales qui fond des voitures pourries ou des rasoirs qui s’émoussent après deux rasages et qui contrôle l’ensemble du marché n’en n’ont rien à foutre du client individuel, c’est un grain de sable sur la plage et rien ne peut l’amener à faire grincer l’engrenage.

.jpm

10 déc. 2012

Le lièvre et la tortue

Petit lundi matin. Ça papote tout autour de moi. Comme à tous les lundis, les tortues se trouvent toutes les raisons du monde pour entamer la conversation.

Un lièvre passe voir la secrétaire pour lui dire qu’il ne sera peut-être pas là en après-midi, son petit dernier est fiévreux. Une tortue non loin de là tend l’oreille : « Moi aussi j’ai déjà été fiévreuse quand j’étais petite… » L’histoire n’est pas nécessairement banale, mais elle comporte moult détails et donc s’étire et toutes les autres tortues s’y joignent en passant.

Le lièvre est déjà retourné à son bureau. C’est qu’il a des réunions à préparer, des expéditions à faire, des dossiers à régler. Le lièvre est généralement bien occupé. C’est normal avec lui on sait que les dossiers vont avancer que les choses vont se faire. Il n’a pas toujours le temps d’en prendre plus, mais ce n’est pas grave, il s’en sort toujours, il est rapide précis et malgré la charge de travail qui l’attend, il prend toujours le temps de donner un petit coup de main, de répondre aux questions…

Pendant ce temps, la tortue passe se prendre un café et peut-être une nouvelle occasion de parler une énième fois du fils du cousin de sa sœur qui, « imaginez-vous donc » s’est fait couper les cheveux en fin de semaine. La tortue est communicative, elle fait son petit bonhomme de chemin en entretenant de bonnes, de très bonnes relations avec ses collègues. Quand elle frappe une journée occupée, la tortue s’en plaint toute la journée et s’en vante le reste de la semaine.

Le lièvre finit l’année brûlé, il en a trop fait et se demande pourquoi. Bien sûr il y a le boulot, il a couru toute l’année. Il n’a pas pris le temps de jasé avec les collègues et se demande si toute cette course était vraiment nécessaire, mais il en reste encore. De son côté la tortue fini l’année juste devant le lièvre, elle a pris un ou deux jours de congé, après tout elle peut se le permettre, son travail est à jour et elle a le sentiment du devoir accomplis, les collègues avec qui elle en a parlé sont d’ailleurs bien d’accord.

Malheureusement, pour l’un comme pour l’autre, se faire pousser de longues oreilles ou une carapace est pratiquement impossible… Faut vivre avec.

.jpm

7 déc. 2012

Une sortie chez Ashton ou de l'apparition du féminisme

Je suis allé souper chez Ashton avec mes enfants cette semaine. Grosse semaine, pas d’inspiration pour le souper et comme on le fait très rarement je me suis dit pourquoi pas.

Dans la voiture, en route vers le resto, mon fils demande à sa sœur quel programme elle allait considérer pour le secondaire si elle n’était pas sélectionnée pour Art et TIC. Elle lui répond qu’elle ne sait pas trop et je lance du tac au tac qu’il y a peu de chance qu’elle ne soit pas choisie. Elle a de très bonnes note, elle est capable de démontrer un intérêt pour le sujet et en plus, ajoutais-je, c’est une fille.

J’ai vite voulu revenir sur mon dernier commentaire, expliquer qu’il y avait souvent de la discrimination positive dans ce genre de programme et bien sûr je me suis rendu compte que le terme « discrimination positive » allait demander quelques explications.

Alors j’ai fait comme je le fais de temps à autre quand je suis seul avec mes enfants, j’ai pris l’heure du souper pour leur faire un court récit de l’histoire du féminisme, ou enfin un historique de la place des femmes au cours du XXe siècle.

De l’école de rang ou seule les femmes célibataires pouvaient enseigner, à leur participation dans les usines de la première et de la seconde guerre mondiale et à leur retour durant les Trente glorieuses à la maison comme reine du foyer et finalement au début du féminisme moderne vers la fin des années soixante.

Ils ont eu droit aux dates des grandes guerres, à une courte parenthèse sur la grande dépression des années 1930, à une introduction au baby-boom et à une version courte de l’émancipation de la femme à partir des années 1970, leur entrée sur le marché du travail d’abord dans des professions dites féminines et plus tard, avec une certaine aide de la discrimination positive, dans des emplois à prédominance historiquement masculine.

Au bout du compte, ils auront peut-être intégré une vague idée du parcours des femmes au XXe siècle et un portrait générale de l’histoire récente. Mais pour ma fille surtout, j’espère qu’elle aura compris que contrairement à aux millions de femmes qui l’ont précédée elle aura la chance de faire ce qu’elle veut dans la vie.

Pas mal pour une sortie chez Ashton!

.jpm