30 nov. 2012

Les croyants sont des imbéciles


Au lendemain d’un vote historique de l’ONU, admettant la Palestine comme État observateur non-membre, tout ce que les palestiniens ont trouvé à faire c’est de sortir dans la rue et de manifester leur joie en scandant « Allah Akbar » : Dieu est le plus grand!

Excusez-moi, mais quelle bande de cave! Cent quatre-vingt-treize pays se sont réunis à l’ONU. Cent trente-huit d’entre eux ont voté en faveur de la reconnaissance de la Palestine comme État. Du nombre, une grande majorité sont des États laïcs et de cette grande majorité une importante quantité regroupe des croyants qui ne croit pas au prophète Mahomet. Ont-ils une seule seconde pensé à Allah, Dieu ou à un quelconque prophète en votant? Certainement pas. Ce vote est celui d’individus animés par un sens de la justice internationale, un sens du respect des droits de l’Homme, un sens du devoir qui ne relève pas de la croyance en un être supérieur. S’ils ont fait cela c’est parce qu’ils croient que c’était la chose à faire.

Les palestiniens ont-ils une seconde pensé à chez chefs d’États, à ces représentent qui ont pris le temps de voter pour eux, qui se sont potentiellement mis les États-Unis à dos? Non, ils se sont dit que tout ça était l’œuvre de Dieu.

Non seulement c’est un affront à ceux qui ont voté en leur faveur, mais c’est également un affront à toute l’humanité parce que si ce geste des Nation-unies n’est pas une manifestation de la grandeur de l’humanité et de notre capacité à orienter nous-même notre monde, rien ne l’est et tout relève de Dieu.

Je veux bien qu’ils soient croyants, s’ils sentent le besoin pour cette béquille mentale d’accord, mais qu’ils aient tout de même un peu bon sens, d’humanité, et qu’ils prennent au moins le temps de remercier tous les non-croyant, tous les États laïcs, tous les infidèles qui viennent de leur donner un avenir!

.jpm

28 nov. 2012

Les bons sentiments

Bon, plongeons, j’y vais d’un autre pavé dans la marre.

Je n’ai pas vu Ésimésac, qui est fort probablement très bon, très édifiant. Le combat du communautaire, de la solidarité contre l’individualisme et la poursuite aveugle du profit. Et plus loin, cette volonté de dépendre de soi-même et pas d’un système économique international déshumanisé.

De belles valeurs que je prône moi-même ici depuis toujours. Des situations que je dénonce depuis aussi longtemps.

Malheureusement, malgré toute la beauté de ce film et des idées qui y sont véhiculé – et comme pour une foule de rassemblement du genre dans le monde, on s’étend sur la défense de la vertu, on montre comment le communautaire est plus fort, plus important, plus centrale à l’expérience humaine. Je l’ai dit, et je le redirai encore mille fois, je suis d’accord : On ne peut laisser le monde aux mains d’un système qui traite l’humain comme n’importe quel autre intrant.

Cela dit, les bons sentiments ne suffisent pas. Un jardin communautaire, ça fonctionne à Saint-Élie-de-Caxton et encore, mais dans des sociétés plus large, il faut définir un peu mieux le partage, les droits, les devoirs. Les participants à « Occupy Montreal » s’en sont bien vite rendu compte l’an passé. Leur camp a vite finit par être squatté par toutes sortes de gens « pas rapport » venu profiter de la situation – des gens qui en avaient certainement bien besoin, là n’est pas la question – mais ils ne participaient pas. Ils ne faisaient pas la bouffe ou la vaisselle et n’apportaient rien au camp. « Pas juste » ont vite dit les gens du mouvement Occupy, « il faut qu’ils participent eux aussi et de façon équitable, sinon pas de bouffe ».

Et voilà le cœur du problème, les bons sentiments, l’esprit d’entraide fonctionne quand la communauté est toute petite dès que l’on passe un certain nombre de participants il faut établir des règles et malheureusement, si on se penche beaucoup sur la mise en avant de la nécessité de s’organiser on laisse généralement de côté l’organisation en elle-même.

Je n’ai pas la solution, elle n’est clairement pas simple et probablement que son élaboration ne ferait pas un film très excitant, mais il faudra bien un jour que l’on cesse de faire la promotion des bons sentiments et que l’on s’attaque à une refonte du contrat social.

.jpm

23 nov. 2012

Quelle discrimination en éducation ?

On apprenait il y a quelques semaines qu’un ancien élève de Colombie-Britannique aujourd’hui âgé de 25 ans, venait de gagné une importante victoire juridique contre le système d’éducation de la province.

En effet, la Cours suprême du Canada vient de reconnaitre que Jeffrey Moore « avait été victime de discrimination puisque son école ne lui avait pas fourni des services d’aide suffisants ». Le juge est même allé plus loin en ajoutant dans l’énoncé de son jugement que « Des services d’éducation spécialisée adéquats ne sont pas un luxe dont la société peut se passer ».

Honnêtement, je me demande si ce juge a bien pesé le poids réel de cette décision. Si un enfant dyslexique est victime de discrimination parce qu’il ne reçoit pas un certain niveau d’aide on peut très certainement se demander où se situent les limites de cette aide et en quoi consiste cette discrimination. Et les réponses peuvent nous mener très, très loin.

Jusqu’où la société est-elle discriminante lorsqu’il s’agit d’éduquer un enfant? Doit-on le mener jusqu’à l’université? Et, si nous le faisons pour le dyslexique devront nous le faire pour d’autres type de trouble d’apprentissage? Où cela s’arrête-t-il?

Vous allez peut-être me trouver quelque peu malthusien dans mon commentaire. Je vous l’accorde, je soumets effectivement la question de laisser certains individus de côté. Et, dans le cas qui nous occupe, poser la question c’est un peu y répondre.

Il y a une limite à ce que l’on peut faire et il faut savoir le reconnaitre. Mais je sais, je vais un peu plus loin en laissant entendre que l’on pourrait choisir de ne pas aller jusqu’au bout à cause des coûts que cela engendre. Et encore faut-il que l’élève soit motivé, pas juste ses parents…

Mais il y a plus compliqué encore. Nous le vivons au Québec avec le virage vers l’intégration des élèves en difficulté que nous avons effectué il y a une dizaine d’années. Les élèves en difficulté d’apprentissage ont été intégrés aux classes normales parce que plusieurs parents et penseurs du système considérait que de les garder à l’extérieur dans des classes spéciales était discriminatoire pour eux. Par contre, ce faisant, nous avons créé deux nouvelles discriminations.

Premièrement les élèves en difficulté ne sont plus dans des classes adaptées avec des profs spécialisés et donc ils ne reçoivent pas toute l’aide qu’il pourrait avoir, il y a donc selon ce jugement de la Cours suprême discrimination! Deuxièmement, les élèves en difficulté intégrés aux classes normales viennent ralentir la progression des autres élèves et accaparent plus de temps des enseignants que tous les autres réunis, il y a par conséquent là aussi une certaine discrimination.

Vous trouverez peut-être que je me fais l’avocat du diable et que je crée des problèmes là il n’y en n’a pas. Il s’agit simplement d’aménager les choses correctement, de façon à ce qu’il n’y ait pas de discrimination… C’est vrai, vivre en société, faire de la politique, légiférer c’est faire des compromis et c’est justement ce que les juges de la Cours suprême semblent avoir omis de considérer dans leur jugement.

.jpm

22 nov. 2012

Le cynisme ambiant

Je suis complètement écœuré par la politicaillerie qui occupe nos élus tant fédéraux que provinciaux.

À Québec on a un gouvernement qui a déposé un budget sommes toutes réaliste qui se fait vilipender par l’opposition officielle libérale qui lui reproche entre autres de ne pas contrôler ses dépenses alors qu’ils ont été au pouvoir pendant 9 ans et que durant tout ce temps les dépenses n’ont jamais été sous contrôle…

À Ottawa on a un gouvernement majoritaire qui n’en fait qu’à sa tête, qui vote des projets de lois mammouth pour bien sûr dissimuler une foule de changements qu’il ne veut pas voir analyser. L’opposition ne peut pas jouer son rôle et proposer certains amendements, il n’y a aucune discussion possible.

Nous sommes donc dans les deux cas assez loin de ce que l’on pourrait appeler la bonne conduite d’un gouvernement. D’un côté nous avons une opposition que ne fait aucune autocritique et qui tente de démolir la crédibilité du gouvernement en place. Et de l’autre nous avons un gouvernement majoritaire qui court-circuite complètement le processus parlementaire.

Et après ils se demandent pourquoi la population est cynique pourquoi elle ne va plus voter, pourquoi elle perd confiance en ses élu!

Bande de cave!

.jpm

p.s. Vous le savez j’ai toujours afficher le plus grand respect pour les élus. Ils ont un travail difficile et très complexe, mais ces élus ne travaillent pas, ils desservent l’État et ne méritent en ce sens aucun respect!

21 nov. 2012

Des citoyens de seconde zone

Dans les deniers semaines j’ai écouté deux reportages sur les anglo-montréalais et leur vision du Québec après l’élection du Parti Québécois.

Dans les deux reportages, celui des Francs-Tireurs avec Barbara Key autant que celui de Jamie Orchard et J.F. Lisée, les anglos s’étendent sur leurs craintes, leur analyse pointue d’une certaine frange du PQ et surtout leurs malaises face à la majorité francophone.

Chose fort intéressante, dans les deux cas, Jamie Orchard et Barbara Key souligne à grand trait ce sentiment qu’on les anglos de ne pas vraiment être québécois, de ne pas vraiment être reconnu comme tel. Ils ont l’impression de ne pas toujours être inclus, consulté, de ne pas avoir les mêmes droits, bref ils ont l’impression d’être des citoyens de seconde zone. Et qui plus est, ils sont minoritaire, mais ont souvent l’impression que l’on s’occupe plus des autres minorités…

Ils ressentent tout ça avec une grande acuité, mais chose surprenante ils semblent tous être totalement incapable de comprendre que les francophones du Québec se sentent exactement comme eux au Canada!

Ils ont, envers le Québec, exactement le même discours que les franco-québécois envers le Canada, mais ne s’en rendent pas compte. Ils ont peur de ne plus pouvoir parler anglais avec un gouvernement péquiste, mais condamne la loi 101!

En fait il y a une différence fondamentale entre la situation des anglo-québécois et des franco-québécois. Nous sommes réellement menacés d’assimilation et d’extinction – eux ne le sont pas. Ils semblent être on ne peut plus conscient d’être en minorité au Québec, mais oublier totalement qu’ils sont en très grande majorité en Amérique du Nord.

Cela dit, au-delà des critiques, cette conscience minoritaire qu’ils ont devrait servir à ouvrir le dialogue. Comme le disait Lisée on doit tous apprendre à se mettre dans les souliers les uns des autres. Espérons simplement que M. Lisée réussira à faire quelques pas de ce côté-là.

.jpm

19 nov. 2012

L'affrontement des cliques

Un texte essentiel de Jérôme Lussier sur lequel je suis repassé cette semaine. Il y souligne la différence entre les cliques qui s'affrontent sur l'espace médiatique et qui malheureusement gomment plus souvent qu'autrement les vrais débats d'idées. À lire sans faute.

Bien content d'ailleurs que Jérôme Lussier soit à la CAQ, espérons qu'il saura influencer positivement le et l'ensemble de la classe politique, pourquoi pas.
.jpm

14 nov. 2012

Les deux spirales économiques

Des dizaines de milliers de manifestant vont envahir les rues des grandes capitales européennes aujourd’hui pour protester contre les mesures d’austérités mises en place par les divers gouvernements.

Ils ont raison de protester. Les mesures d’austérités réclamées par les grandes agences de crédit et le FMI (qui ne sait d’ailleurs plus sur quel pied danser) sont en train de plombé l’économie des pays qui ont dû les appliquer.

Le problème est patent. C’est la spirale du ralentissement, de la récession avec au bout une éventuelle dépression. L’économie va mal, les revenus ne suffisent plus à l’État, sa dette croit trop vite et donc sa note de crédit s’abaisse. Sa dette lui coute alors plus cher et les revenus ne sont toujours pas au rendez-vous alors on coupe dans les dépenses. Les coupes sont drastique parce qu’on attend toujours trop, alors l’économie ralentie encore plus, les emplois fondent, el chômage croit, ce qui coûtent encore plus cher à l’État qui voit ses déficits croitre encore  plus vite et la nécessité de nouvelles mesures d’austérités est encore plus forte et le pays s’enfonce de plus en plus dans la crise.

L’autre spirale est tout aussi problématique. C’est celle de l’approche keynésienne. Pour éviter la récession on injecte de l’argent dans le système gonflant ainsi la dette, par contre l’économie prend du mieux, mais il faut maintenir le rythme alors on met des incitatifs en place pour attirer des entreprises. L’économie tourne, mais on ne rembourse pas la dette au mieux on évite les déficits et comme ça va bien tout le monde réclame des baisses d’impôts et des bonifications de programme, on étire un peu plus l’élastique. Puis vient un coup dur. Et là on recommence on injecte jusqu’à ce ne soit plus tenable et que la seconde spirale soit à nos portes.

Si la récession de 2008 a fortement contribué à la situation actuelle, il n’y pas que cela. L’intégration des marchés y est aussi pour beaucoup tout comme les agences de notations, le FMI et une foule d’autres instances plus ou moins liées au système financier. Mais au-delà de tous ces suspects, il ne faut oublier de pointer du doigt les précédentes crises économiques de 1980, 1982, 1992 et de 2001 et surtout le type de libéralisme économique qui occupe les esprits depuis la crise du pétrole de 1973.

En effet, cette idée de conduire l’économie mondiale par l’offre qui a précarisé les emplois et bien des domaines économique et cette volonté de croissance à tout prix, aura certainement contribué à mettre en place ce monde économiquement intenable dans lequel nous vivons aujourd’hui.

Il faut par conséquent trouver un moyen de sortir de ces spirales sans nécessairement mettre en pièce tout le système. Le retour, par exemple à une économie de la demande et l’instauration d’une réserve bancaire beaucoup plus importante que les 0.5%* actuels seraient déjà un important pas dans la bonne direction – restera à voir comment on peut faire fondre des dettes qui n’ont jusqu’à un certaine point aucune raison d’être**.

.jpm


*C’est un approximatif, je n’ai pas la vraie valeur en tête, mais si elle a déjà été à 5%, elle est aujourd’hui certainement plus basse. Que représente cette valeur? C’est l’argent que les banques doivent avoir en réserve pour adosser leurs prêts donc pour pouvoir prêter 1 million, elles doivent avoir environ 5000 dollars dans leurs poches!

**Les dettes sont importantes sinon il serait possible d’emprunter sans compter ce qui résulterait en une spirale inflationniste absolument intenable. Par contre, au cours des dernières décennies, les taux d’emprunt des pays ont connu des variations qui sont à mon sens injustifiable, faisant gonfler leur dette de façon démesuré.

13 nov. 2012

Cancer et dépression

Vous avez certainement vu les annonces que le gouvernement fait diffuser à heure de grande d’écoute. On y compare assez adroitement le cancer et la dépression, mais malgré tout les préjuger persistent.

Les gens ont l’impression qu’une dépression n’est pas une vraie maladie. Mais le problème en la comparant à un cancer c’est que ça ne fait qu’alimenter le cynisme, ils manquent totalement la cible.

Non mais sérieusement, quiconque connait quelqu’un atteint du cancer saute au plafond en voyant cette pub. J’ai une collègue qui a un cancer, elle se bat jour après jour contre la maladie, elle doit dormir entre 15 et 18h par jour pour ne serais-ce que quelques heures de vie active où elle doit se battre contre une sérieuse déprime. Sa médication lui coupe la faim, lui a fait perdre ses cheveux, la tient dans un état de nausée quasi constant. Et, au bout du compte, elle risque fort bien de ne pas s’en sortir – oui, au bout de la route, c’est la mort et elle le sait!

Alors oui, bien sûr, la dépression est une maladie. Oui, ce n’est pas facile de s’en sortir, les causes sont multiples et complexes et comme pour le cancer, il est possible de ne plus avoir le goût de manger et de devoir dormir beaucoup. Ce n’est pas facile, loin de là – mais il n’y a pas de médication obligatoire qui vous détruise de l’intérieur et surtout il n’y a pas ce combat contre la mort, pour une vie qui vous échappe littéralement.

Oui, en dépression on n’a pas le goût de voir ses propre enfants, mais on sait qu’en se reposant qu’en travaillant sur le problème on va pouvoir revenir, pour les gens atteint du cancer c’est le même combat, mais à chaque jour on sait que peut-être c’est la dernière fois qu’on va être en vie pour les cajoler, c’est autrement plus sérieux.

Donc la comparaison ne tient pas, elle est même abjecte.

Je suis dur? C’est vrai, mais si certains symptômes se rejoignent et bien que la dépression soit une vraie maladie, il n’y a aucune commune mesure entre ces deux maladies.

Et le cynisme? Hé bien, malheureusement si une bonne part de la population a déjà connu une personne atteinte du cancer elle a aussi connu une personne qui s’est fait donner un congé de maladie de type dépression ou « burnout » alors qu’elle n’en n’avait pas vraiment besoin.  D’accord, ce n’est pas évident, mais pour avoir côtoyé de vrais et de faux dépressifs, je peux vous assurer que la différence est flagrante.

Au bout du compte, je veux bien que l’on fasse de pubs sur la dépression, je veux bien que l’on renseigne sur cette maladie et mieux encore que l’on fasse la promotion comme pour la santé physique d’une bonne hygiène de santé mentale, mais de grâce cessons de comparer la dépression au cancer, le cancer c’est un tout autre monde auquel il est d’ailleurs bien difficile de comparer quoi que ce soit.

.jpm

9 nov. 2012

Religions: interprétation positive et négative

Une bonne part de la politique au cours de Moyen-Âge reposait sur la recherche d’un équilibre entre le temporel et le spirituel, entre la loi humaine et la loi divine. À ce chapitre, une des plus importante base de la réflexion était l’orientation du penseur face à la liberté humaine d’agir.

Les interprétations positives laissaient plus de place à l’Homme, elles avaient une certaine confiance en ses moyens pour développer des lois justes par lui-même. Les interprétations négatives, au contraire, laissent très peu de place à l’Homme, elles considèrent que les dirigeants doivent en tout temps suivre la loi divine et se fier aux vérités révélées.

L’interprétation positive permet certaines dérives. Des lois injustes aux vues des grands principes moraux qui traverse les religions peuvent très bien être mises en place, mais il est tout aussi évidant que ces lois peuvent facilement être contestés de même autorité – celle des hommes – afin de renverser l’injustice.

L’interprétation négative quant à elle permet de bien plus graves dérives. Non seulement elle repose sur l’interprétation des écritures, une interprétation toute humaine, chose que l’on balai généralement sous le tapis sans en parler, mais en plus elle va plus souvent qu’autrement de pair avec une interprétation des actions de l’Homme qui relèvent en absolu de Dieu. Ainsi tout comportement du pouvoir relève de Dieu lui-même et est par conséquent non questionnable, les voies du Seigneur étant impénétrables.

La provenance de l’autorité est également très différente entre les deux interprétations. Dans le cas de l’approche positive, le pouvoir est généralement confier à un chef par les Hommes et ce pouvoir est en quelque sorte entériné par les forces supérieures. Du côté négatif par contre, le chef est mis en place par Dieu lui-même ou par ses représentants sur Terre, ce qui revient, dans l’esprit des gens concernés, au même. Il détient donc son autorité non pas de Hommes mais bien du Tout Puissant lui-même, impossible donc de remettre en question ses agissements.

Ainsi pour le côté négatif, il est tout à fait normal que la politique relève du religieux puisque toute autorité relève de Dieu et de ses représentants et qu’en aucun cas l’Homme peut dépasser ce que Dieu lui aura confié dans ses révélations. Le Livre Saint c’est la Loi, il ne peut rien y en avoir en dessous sinon des édictés qui en découlent directement.

Par contre du côté positif, la séparation du politique et du spirituel est plus évidente. Cette séparation n’a pas toujours été claire au cours de l’Histoire du Moyen-Âge même lorsque c’était l’interprétation positive qui prévalait, mais il était à tout le moins possible de parler d’un ordre en partie laïque. Si le religieux avait sans contre dit une influence, même importante, sur le politique, ce dernier n’était clairement pas dirigé par le religieux.

Nous ne sommes plus au Moyen-Âge, mais ces tensions entre les interprétations positive et négative existent toujours et il n’est pas seulement question ici d’une opposition entre l’Occident et le Moyen-Orient arabo-musulman. Quand la droite conservatrice républicaine s’oppose à l’avortement c’est aussi cette vieille querelle des interprétations qui entre en conflit. Bref, si le côté positif l’a largement emporté aujourd’hui, ça ne veut pas dire que le côté négatif est totalement disparu et qu’il ne peut pas ressurgir à tout moment.

.jpm

7 nov. 2012

Pendant ce temps aux États-Unis

C’était jour d’élection présidentielle hier aux États-Unis. Obama a gagné par une courte avance. Il est d’ailleurs toujours intéressant de voir à quel point le vote est divisé aux États-Unis entre les grandes villes et les régions rurales. Je vous encourage d’ailleurs à aller voir cette superbe carte détaillant le vote par comptés pour voir à quelle point ce clivage est précis et important.

Cela, ce n’est pas la seule chose qui avait cours hier au pays de l’oncle Sam. Le vote présidentiel comme tous les autres votes est une occasion pour les américains de se prononcer sur une foule d’autres sujets – un modèle que l’on devrait peut-être penser à imiter.

L’occasion fut donc saisi et plusieurs états se sont prononcer en faveur du mariage gay, y incluant le Maine, le Maryland et l’état de Washington. La Californie a quant à elle rejeté l’abolition de la peine de mort et une loi obligeant l’étiquetage des aliments génétiquement modifiés, mais passé une loi visant à obliger les travailleurs de l’industrie du sexe à porter le condom lorsqu’ils sont en tournage ainsi qu’une hausse d’impôt visant à refinancer leur système universitaire.

Mais la loi ayant le plus fait parlé est très certainement l’acceptation par la population du Colorado de décriminalisé la marijuana en autorisant une utilisation récréative, permettant ainsi la culture à des fins personnelle (jusqu’à cinq plants) et lançant du même coup la création d’un réseau de « cofee shop » étatique chargé de vendre la marijuana aux citoyens.

Une question demeure, le fédéral qui lui n’a pas décriminalisé l’usage de la drogue, va-t-il tolérer les dispositions prises au Colorado. Un sérieux débat sur la primauté du droit des états à légiférer va probablement faire rapidement surface.

Bref, il y a l’élection présidentielle, mais il y a aussi 170 lois et autres initiatives qui ont connues leur dénouement hier, mais bien sûr nous retiendrons surtout ce deuxième mandat pour Barack Obama, un second mandat où, en théorie, il aura les mains un peu moins liées, mais avec un congrès républicain rien ne sera vraiment simple pour le président…

.jpm

6 nov. 2012

L’opposition officielle

Je trouve les oppositions officielles bien tranquilles depuis l’entrée au pouvoir du PQ. Pas que le PQ était beaucoup plus bruyant lors de son long passage de l’autre côté de la chambre. Je pourrais également rappeler la très faible performance de l’ADQ dans ce rôle, une présence si mince qu’elle aura conduit le parti à la disparition.

On m’opposera que l’on a entendu tour à tour le PLQ et la CAQ dénoncer les hausses d’impôts rétroactives et d’avoir obtenu le recul du PQ. C’est vrai qu’ils sont montés aux barricades sur ce point et sur d’autres d’ailleurs. Quant à savoir si c’est ce qui a fait reculer le gouvernement Marois, ça se discute, mais là n’est pas mon propos.

Ce qui m’embête c’est cette quasi absence de l’opposition officielle lors des périodes de relative stabilité politique entre les élections. Bien sûr ils sont en chambre, ils suivent les dossiers et questionnent le gouvernement. Mais ce que j’aimerais c’est voir des critiques constructives en cours de mandat. L’exercice serait certainement intéressant et enrichissant pour la politique québécoise et c’est encore plus vrai dans une situation minoritaire.

Le dossier de la santé est un excellent exemple. Le nouveau ministre de la santé Réjean Hébert vient de proposer la mise en place de dizaines de nouvelles cliniques de santé où il devrait y avoir des médecins de famille, du sans rendez-vous et des heures d’ouverture la fin de semaine. Coût de la mesure 70 millions annuellement.  Le but? Désengorger les urgences. L’approche me parait bonne. Est-ce la seule chose à mettre en place dans le système de santé? Peut-être pas.

Pourquoi la CAQ ne publierait pas une lettre ouverte où ils expliquent qu’ils sont, par exemple, d’accord avec cette mesure, mais que pour vraiment s’attaquer au fond du problème en santé, ils iraient plus loin en inversant le financement des hôpitaux et des cliniques – une mesure qu’ils ont déjà mise de l’avant?

Pourquoi le PLQ, ne ferait pas de même en disant par exemple que plus de clinique ne changera rien (bon je pousse pas mal là) et que la solution repose plus sur un accroissement marqué des services à domicile?

Au bout du compte on aurait un débat politique plus sérieux, on saurait où campe les partis d’opposition et à la fin d’un mandat on aurait une bien meilleure idée des solutions qui sont sur la table et de l’orientation réelle des partis.

À l’heure actuelle, tout ce à quoi on a droit c’est une grande confusion des genres. Les solutions sont à peine articulées, on ne veut pas se mouiller et les partis parlent finalement de leurs solutions, ils commencent par dire que le parti au pouvoir ne sait pas ce qu’il fait et il nous lance les solutions populistes du moment sans trop savoir comment tout ça peut réellement être mis en place.

S’ils mettaient leurs solutions sur la table en cours de mandat, on aurait le temps d’en débattre, de les ajustées et l’élection venu, je suis certain que les gens se souviendrait de ceux qui ont mis de l’avant les solutions qui les intéresse.

.jpm

p.s. Je profite de l’occasion pour souligner à nouveau l’excellent travail de transparence de M. Jean-François Lisée qui tient un blog autrement plus informatif que les nouvelles mâchées et remâchées que l’on nous sert au téléjournal.

2 nov. 2012

Machiavel et les misogynes de l’antiquité

Je suis à relire Le Prince de Machiavel pour mon travail de session en Histoire des idées politiques et je suis tombé sur ce passage relativement connu qui montre bien la position de Machiavel face aux femmes : « … la fortune est femme : pour la tenir soumise, il faut la traiter avec rudesse … »

D’accord, ça peut avoir l’air hors contexte comme ça, mais je vous assure que c’est bien dans Le Prince de Machiavel au chapitre XXV et que cela traduit bien le sentiment de Machiavel à l’égard des femmes.

Il ne faut pas oublier que ce livre a été publié en 1515 dans le contexte de la Renaissance qui tranchait avec les mille ans d’obscurantisme du Moyen-Âge où la place de la femme était encore moindre. D'ailleurs ça ne s’améliore pas en remontant plus loin. Dans l’Empire Romain, la femme n’était pas un objet, mais pas loin, on ne lui donnait même pas un nom personnel, elle avait celui de son père, c’est tout dire.

Du côté de la Grèce antique, la femme n’était pas considérée comme une citoyenne (tout comme chez les Romains ou durant le Moyen-Âge) et Platon lui-même considérait que, tout comme les enfants, la femme devait être mise en communauté. Bref, ce n’est pas un esclave, mais pas loin.

Considérant que Machiavel, ce libre penseur de la Renaissance, mais tout de même homme de son époque, continue sans réelle remise en question à déconsidérer la femme de la sorte, comment peut-on croire une seconde que les écrits bibliques, coraniques et autres qui remontent à bien plus loin que le XVIième siècle, ne soient pas de leur temps tout comme ceux de Machiavel?

Comment considérer que la place réservée aux femmes dans ces écrits historiques soit une place absolue atemporelle? Comment croire que ces écrits que l’on considère universaux le soit vraiment? C’est de la pure folie!

Je sais, il y a bien d’autres voies pour discréditer les écrits religieux. Si je cite celui-ci c’est que sa relative modernité et sa misogynie affichée semble contraster encore plus avec le réel d’une époque que l’on connait bien et que l’on tient en haute estime que celle très lointaine du début de la chrétienté.

.jpm

1 nov. 2012

Mériter et légitimer

À la commission Charbonneau, Luc Leclerc, ingénieur à la retraite des travaux publics à la ville de Montréal, est venu témoigner et confirmer qu’il avait reçu plus d’un demi-million de dollars en pots-de-vin. De son propre aveu il a bien aimé ces petites attentions, surtout les cadeaux et les billets de hockey.

Mais la partie la plus intéressante de son témoignage est à mon avis cette déclaration à l’effet qu’il a « Beaucoup donné à la ville ».

Le gars a probablement travaillé fort, négocier des millions de dollars de contrats à chaque année, se levé aux petites heures régulièrement pour être sur le chantier à 6h00 quand les gars commencent, jongler avec des dossiers complexes même les fins de semaine…

Des patrons, des décideurs, des administrateurs, des directeurs qui se donnent à fond pour leur boulot, qui n’ont jamais vraiment de vacances, qui dînent en dix minutes entre deux réunions ils y en a beaucoup. Ils sont souvent bien rémunérés, trop bien diront certains qui ne connaissent peut-être pas vraiment le boulot.

Le problème apparait quand ces mêmes décideurs commencent à croire qu’ils méritent ce qu’ils ont et plus encore. La ligne est mince, c’est un état d’esprit particulier, nous le connaissons tous. C’est ce petit sentiment que nous le méritons bien puisque l’autre qui en fait autant, peut-être même moins, en profite lui aussi. Un dîner d’affaire qui n’en n’est pas vraiment un facturer à l’entreprise, « ça va compenser pour l’autre de la semaine passée que j’ai pris sur le pouce », des billets pour un match des Canadiens offerts par un client (un classique tout à fait légal dans le privé) va compenser pour ces quelques soirées passées au bureau à travailler sur un gros contrat…

Et bien sûr une fois que l’on a mis le doigt dans l’engrenage tout finit par se justifier, les réunions qui finissent tard, les retours à la maison à minuit après une journée à l’extérieur ne sont plus compris dans les émoluments de base de l’administrateur, ce sont les cadeaux qui les payent, puis les pots-de-vin peuvent bien apparaitre, ils vont compenser autre chose ou simplement égaliser le traitement de l’un et de l’autre parce que, bien sûr, on se compare. « Pourquoi lui et pas moi? »

Au finale les agissements des uns finissent par déteindre sur ceux des autres et tout le monde finit par plus ou moins participer au système, tout dépend au bout du compte de l’élasticité relative de l’éthique de tout un chacun.



Ici par exemple on ne prend pas de pause. J’ai pourtant droit à deux quinze minutes par tranche de trois heures travaillé et nous faisons huit heures par jour. Je peux donc considérer que j’ai droit à 40 minutes de pause par jour. Jeter un œil sur Facebook me prend entre 30 secondes et une minute je pourrais donc y aller près de 60 fois par jours sans considérer que je vole du temps à mon employeur… Ceci bien sûr, si je ne fais rien d’autre de personnel sur internet et si je n’ai aucune discussion de corridor dans la journée, mais tout le monde fait l’un et l’autre alors pourquoi me limiter?



 .jpm