10 avr. 2012

La valeur d’un anthropologue

On se questionne beaucoup ces jours-ci sur la valeur de l’éducation universitaire. Le terme valeur revêtant ici un sens économique. Combien les étudiants devraient-ils investir dans leur éducation? Combien cela va-t-il leur rapporter au cours de leur vie? Déjà là, le « combien » en question est bien difficile à évaluer… Mais il est un autre aspect de la valeur qui est globalement évacué du débat, la valeur humaine voire la valeur pour l’humanité.

En fait la question qui apparaît à la limite des deux compréhensions de la valeur est : Le Québec produit-il trop d’anthropologues? Question à laquelle le côté économique s’empresse de répondre oui. Et c’est vrai. Que ferons-nous avec 400 anthropologues de plus? Il y a si peu de travail pour eux…

Mais si on se place du côté de la valeur humaine, il est beaucoup moins évidant que ces 400 anthropologues soient inutiles. Il nous reste encore énormément à apprendre sur nous-mêmes. Si l’on suit cette logique, on devrait d’un point de vue purement humain on devrait former autant d’anthropologue, de philosophe ou de théologiens que possible et en plus leur fournir, de façon globale, à l’échelle mondiale, autant de ressources qu’ils en ont besoin pour mener à bien leurs vastes quêtes.

Malheureusement nous sommes incapable (ou, du moins, avons été jusqu’ici incapable) de voir la valeur d’un anthropologue de cette façon et de mettre de l’avant les programmes et outils nécessaire à la concrétisation de cette vision.

Actuellement, 80% de ces anthropologues irons travailler au gouvernement, leur diplôme d’étude supérieur leur permettant d’accéder à certains postes de gestion et de recherche. Une tranche de 10% se tournera vers l’enseignement et une autre tranche de 10% fera de la recherche en milieu universitaire – une tâche s’approchant tant bien que mal du but réel visé par des études en anthropologie.

En effet, même la recherche universitaire est loin d’être l’eldorado du chercheur que certains critiques des fonds de recherche laissent entendre. Les recherches sont souvent trop restreintes et les budgets le sont encore plus ce qui fait qu’au bout du compte très peu de recherche originales et intéressante sortent de ces départements.

Alors oui, on peut bien débattre de la valeur d’un diplôme, mais j’aimerais bien qu’un jour on débatte également de sa valeur et que l’on fasse un réel effort pour lui en donner le plus possible.

.jpm

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