23 nov. 2012

Quelle discrimination en éducation ?

On apprenait il y a quelques semaines qu’un ancien élève de Colombie-Britannique aujourd’hui âgé de 25 ans, venait de gagné une importante victoire juridique contre le système d’éducation de la province.

En effet, la Cours suprême du Canada vient de reconnaitre que Jeffrey Moore « avait été victime de discrimination puisque son école ne lui avait pas fourni des services d’aide suffisants ». Le juge est même allé plus loin en ajoutant dans l’énoncé de son jugement que « Des services d’éducation spécialisée adéquats ne sont pas un luxe dont la société peut se passer ».

Honnêtement, je me demande si ce juge a bien pesé le poids réel de cette décision. Si un enfant dyslexique est victime de discrimination parce qu’il ne reçoit pas un certain niveau d’aide on peut très certainement se demander où se situent les limites de cette aide et en quoi consiste cette discrimination. Et les réponses peuvent nous mener très, très loin.

Jusqu’où la société est-elle discriminante lorsqu’il s’agit d’éduquer un enfant? Doit-on le mener jusqu’à l’université? Et, si nous le faisons pour le dyslexique devront nous le faire pour d’autres type de trouble d’apprentissage? Où cela s’arrête-t-il?

Vous allez peut-être me trouver quelque peu malthusien dans mon commentaire. Je vous l’accorde, je soumets effectivement la question de laisser certains individus de côté. Et, dans le cas qui nous occupe, poser la question c’est un peu y répondre.

Il y a une limite à ce que l’on peut faire et il faut savoir le reconnaitre. Mais je sais, je vais un peu plus loin en laissant entendre que l’on pourrait choisir de ne pas aller jusqu’au bout à cause des coûts que cela engendre. Et encore faut-il que l’élève soit motivé, pas juste ses parents…

Mais il y a plus compliqué encore. Nous le vivons au Québec avec le virage vers l’intégration des élèves en difficulté que nous avons effectué il y a une dizaine d’années. Les élèves en difficulté d’apprentissage ont été intégrés aux classes normales parce que plusieurs parents et penseurs du système considérait que de les garder à l’extérieur dans des classes spéciales était discriminatoire pour eux. Par contre, ce faisant, nous avons créé deux nouvelles discriminations.

Premièrement les élèves en difficulté ne sont plus dans des classes adaptées avec des profs spécialisés et donc ils ne reçoivent pas toute l’aide qu’il pourrait avoir, il y a donc selon ce jugement de la Cours suprême discrimination! Deuxièmement, les élèves en difficulté intégrés aux classes normales viennent ralentir la progression des autres élèves et accaparent plus de temps des enseignants que tous les autres réunis, il y a par conséquent là aussi une certaine discrimination.

Vous trouverez peut-être que je me fais l’avocat du diable et que je crée des problèmes là il n’y en n’a pas. Il s’agit simplement d’aménager les choses correctement, de façon à ce qu’il n’y ait pas de discrimination… C’est vrai, vivre en société, faire de la politique, légiférer c’est faire des compromis et c’est justement ce que les juges de la Cours suprême semblent avoir omis de considérer dans leur jugement.

.jpm

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