9 nov. 2012

Religions: interprétation positive et négative

Une bonne part de la politique au cours de Moyen-Âge reposait sur la recherche d’un équilibre entre le temporel et le spirituel, entre la loi humaine et la loi divine. À ce chapitre, une des plus importante base de la réflexion était l’orientation du penseur face à la liberté humaine d’agir.

Les interprétations positives laissaient plus de place à l’Homme, elles avaient une certaine confiance en ses moyens pour développer des lois justes par lui-même. Les interprétations négatives, au contraire, laissent très peu de place à l’Homme, elles considèrent que les dirigeants doivent en tout temps suivre la loi divine et se fier aux vérités révélées.

L’interprétation positive permet certaines dérives. Des lois injustes aux vues des grands principes moraux qui traverse les religions peuvent très bien être mises en place, mais il est tout aussi évidant que ces lois peuvent facilement être contestés de même autorité – celle des hommes – afin de renverser l’injustice.

L’interprétation négative quant à elle permet de bien plus graves dérives. Non seulement elle repose sur l’interprétation des écritures, une interprétation toute humaine, chose que l’on balai généralement sous le tapis sans en parler, mais en plus elle va plus souvent qu’autrement de pair avec une interprétation des actions de l’Homme qui relèvent en absolu de Dieu. Ainsi tout comportement du pouvoir relève de Dieu lui-même et est par conséquent non questionnable, les voies du Seigneur étant impénétrables.

La provenance de l’autorité est également très différente entre les deux interprétations. Dans le cas de l’approche positive, le pouvoir est généralement confier à un chef par les Hommes et ce pouvoir est en quelque sorte entériné par les forces supérieures. Du côté négatif par contre, le chef est mis en place par Dieu lui-même ou par ses représentants sur Terre, ce qui revient, dans l’esprit des gens concernés, au même. Il détient donc son autorité non pas de Hommes mais bien du Tout Puissant lui-même, impossible donc de remettre en question ses agissements.

Ainsi pour le côté négatif, il est tout à fait normal que la politique relève du religieux puisque toute autorité relève de Dieu et de ses représentants et qu’en aucun cas l’Homme peut dépasser ce que Dieu lui aura confié dans ses révélations. Le Livre Saint c’est la Loi, il ne peut rien y en avoir en dessous sinon des édictés qui en découlent directement.

Par contre du côté positif, la séparation du politique et du spirituel est plus évidente. Cette séparation n’a pas toujours été claire au cours de l’Histoire du Moyen-Âge même lorsque c’était l’interprétation positive qui prévalait, mais il était à tout le moins possible de parler d’un ordre en partie laïque. Si le religieux avait sans contre dit une influence, même importante, sur le politique, ce dernier n’était clairement pas dirigé par le religieux.

Nous ne sommes plus au Moyen-Âge, mais ces tensions entre les interprétations positive et négative existent toujours et il n’est pas seulement question ici d’une opposition entre l’Occident et le Moyen-Orient arabo-musulman. Quand la droite conservatrice républicaine s’oppose à l’avortement c’est aussi cette vieille querelle des interprétations qui entre en conflit. Bref, si le côté positif l’a largement emporté aujourd’hui, ça ne veut pas dire que le côté négatif est totalement disparu et qu’il ne peut pas ressurgir à tout moment.

.jpm

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