7 oct. 2011

L’Amérique en colère, réponse à Elgrably

Alors voilà, j’ai un collègue qui trouve Mme. Elgrably éclairé, il est venu me montrer sa dernière chronique citant le Community Reinvestment Act comme une des sources de la crise économique de 2008. Déjà cette crise est dû à un ensemble de facteurs et non à la seule intervention du gouvernement ce que Mme. Elgrably laisse toujours entendre, mais regardons plutôt le texte.

Elle commence son texte portant sur les manifestants qui occupent Wall Street ces jours-ci en affirmant qu’il ne demande pas moins que la fin du capitaliste! Rien n’est plus faux, bien sûr, ce qu’ils réclament c’est une refonte de celui-ci, certaines réformes pour en éviter les dérapages, mais ils ne demandent pas la mort du capitalisme – ce sont des Américains après tout!

Se basant sur cette fausseté, elle affirme ensuite qu’ils encouragent ainsi l’instauration du communisme! Pire elle y associe quelques « vedettes » dont Noam Chomsky. Un homme très loin du communisme ou même du socialisme. Chomsky se dit anarchiste, pour un État minimal et pour la libre entreprise. En fait, il est beaucoup plus proche des libertariens de qui se réclame Elgrably que de communistes – ce qu’elle sait sûrement très bien. Quoi que des fois je me demande…

Elle poursuit sa chronique, comme bien d’autres avant celle-ci, en mettant de l’avant la logique libertarienne comme si c’était de la pur logique capitaliste et mélange la théorie économique aux décisions politiques – une faute qu’elle commet pratiquement toujours. L’économie n’est pas la politique.

Les gens sont frustré par les sauvetages bancaires qu’elle associe à une philosophie collectiviste, quelle tare (sic)! Ben oui, nous vivons en société, n’a-t-elle pas encore remarqué! Les gouvernements prennent des décisions politiques (sauver les banques pour éviter une crise majeure) qui ont des conséquences économiques (le coût du sauvetage en tant que tel, plus la baisse de revenu du gouvernement dû au chômage et les versements de ce même chômage). Mais les banques ne remboursent pas tout, seulement les prêts et encore une petite part. Ils remboursent l’argent du peuple avec des intérêts prélevé à ce même peuple qui au passage y a laisser sa maison. Pourquoi? Parce que les banques avaient fait trop de prêts toxiques, qu’elles manquaient de liquidité et qu’elles ne se faisaient plus confiance l’une l’autre.

Tout ça à cause de lois comme Community Reinvestment Act (CRA) nous dit Elgrably. Mais, le CRA date de 1977 pas de 2007! Oui, le gouvernement a décidé de garantir des prêts au plus pauvres, une décision politique (à conséquences économiques) visant à donner accès à ces dernier à une maison qu’ils ne pouvaient se payer malgré une vie passé à travailler, faute d’un salaire décent et ce dans des quartiers où les taux hypothécaires étaient largement plus élevé qu’ailleurs. Mais encore là, les banques n’étaient pas obliger de prêter à tout le monde et certainement pas tenu d’offrir des taux ridiculement bas pendant les premières années, pour les faire passer ensuite à des niveaux indécents.

Non, c’est l’État nous dit Elgrably, c’est lui qui a diminué ses taux à 1%. Faux, les taux hypothécaires étaient à 6.5% avant la crise, ce n’est qu’après le début de la crise qu’ils furent ramené à 1%. Pourquoi? Pour essayer de redémarrer l’économie! Une décision politique qui a eu des effets économiques. Pourquoi redémarrer l’économie? Tout simplement parce que les économies de type capitaliste ne redémarrent pas tout seule, on le sait depuis longtemps, et qu’un gouvernement ne peut tolérer des taux de chômage élevé très longtemps, les gens doivent pouvoir travailler sinon tout fout le camp – l’économie ne vit pas en vase clos à côté du politique, les deux sont intimement lié. Il n’y a pas d’économie sans société, Mme. Elgrably semble l’oublier!

Effectivement ce n'est pas le capitalisme qui est coupable, ni l'interventionnisme d’ailleurs, mais bien le copinage, le lobbysme et le fait qu'une super-élite qui a la main mise sur l'économie. Il n'y a pas un seul coupable facile à identifier et c'est pour ça que les gens semblent pointer un peu partout.

Et ils font bien de camper sur Wall Street, car c'est l'esprit corporatiste du profit à tout prix, de l'évasion fiscale, des bonus démesurer, des rémunérations disproportionnés, de la délocalisation, de l’investissement à court terme, de la vision réductrice qu'ils dénoncent et même s'il y a un lien avec la maison blanche, c'est de Wall Street qu'origine le problème pas du gouvernement qui se retrouve bien souvent les mains liés devant la puissance des grandes entreprises « créatrice d’emplois ».

Bref comme bien souvent, Mme. Elgrably manque de subtilité, lance des demi-vérités comme si elles étaient de certitudes absolues et mélange allégrement le politique et l’économique. Ah, si au moins le Journal de Montréal donnait la chance à un chroniqueur de lui répondre ont aurait droit à de vrais débats.

.jpm

p.s. Et il n'y a pas que moi, l'économiste Ianik Marcil a le même genre de commentaire à propos de Mme. Elgrably.

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