12 oct. 2011

« Si ce n’est pas logique c’est politique »

La formule m’a accroché. Si ce n’est pas logique c’est politique. Je l’ai lu au hasard d’un défilement de commentaire sur le nouveau documentaire d’Hugo Latulippe – République qui se veut une réflexion post capitaliste regroupant une cinquantaine de penseurs et d’artistes.

Sur le coup ça m’a fait sourire. D’autant plus que le commentaire sous-entend principalement que la politique est illogique, qu’elle n’est qu’affaire de privilège, de passe-passe pour faire plaisir aux uns ou aux autres sans qu’il y ait quoi que ce soit de réfléchis derrière.

Puis, mon sourire a fléchis. Je me suis rendu compte que cette vision de la politique et surtout, de façon générale, de ce que l’Autre fait nous apparait souvent comme tel – illogique. « Pourquoi ils font ça comme ça, ça n’a pas de bon sens ». C’est bien souvent notre réaction face à des décisions dont la logique nous échappe et, elle nous échappe surtout parce que ce N’est pas la nôtre.

Est-ce à dire que tout ce qui sort de notre cadre de logique est illogique et motivé par des intentions impures? Je ne crois pas.

On peut ici revenir au débat tout politique qui m’oppose à Nathalie Elgrably. Dans mon dernier billet, je dénonçais ses erreurs et ses demi-vérités, mais aussi son habitude à mélanger sans le dire le descriptif et le prescriptif (l’économique et le politique).

Sur l’économique, en théorie on devrait s’entendre. Après tout le taux de chômage est une valeur objective et encore, il y a plusieurs définitions. Quand on passe à l’évaluation de la richesse des Québécois, déjà les vues sont divergentes parce que plusieurs définitions et façons de calculer la richesse. Et bien sûr quand on en vient à ce que le gouvernement devrait faire pour hausser la richesse des Québécois c’est l’impasse, nous ne sommes plus du tout d’accord.

Pour moi, la vision de l’économie de Mme. Elgrably est tronqué parce qu’elle ne tient pas en compte le côté sociologique de l’économie. Pour Mme. Elgrably, ma vision de l’économie n’a pas de sens justement parce que je sors de l’économie pure en y faisant entrer la dimension humaine. Les deux visions sont tout à fait logiques, mais opposé – et, cela dit, pas nécessairement incompatibles, il suffit simplement de bien découper le problème.

Alors oui, la politique n’est pas toujours strictement logique, tout comme les décisions de nos patrons, mais il y a divers degré de logique, divers cadres dans lesquels on l’applique, des cadres qui au final peuvent donner l’impression que la décision prise est illogique quand dans les faits – quand dans un autre cadre d’analyse elle est tout à fait logique.

Évidemment je ne suis pas en train de dire que personne ne prend de décision en fonction de ses intérêts personnels, ce serait ignorer totalement la nature humaine. Il est d’ailleurs tout à fait possible de défendre l’idée que toutes nos décisions sont égocentriques tout comme il est possible de défendre que toutes ces dernières s’inscrivent dans une certaine logique.

Mais mon propos n’est là, il s’agit surtout de réaliser que ce qui nous semble illogique, ce qui nous semble politique, relève souvent d’une logique issue d’un autre cadre de réflexion que celui que nous utilisons pour juger la décision illogique.

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