8 déc. 2011

Pas de faute majeure, on renouvelle !

Je suis profondément fâché ce matin. En tabarnak oui, mais c’est plus profond que ça. L’état de fait que je m’apprête à vous décrire me dérange, vient me chercher et me fait même comprendre la rage que certaines personne de droite ont contre le gouvernement.

C’est l’histoire d’une employé de l’État, enfin pas directement, elle travail pour un des satellites de l’Université du Québec. Elle y est depuis plusieurs années. Cette femme fait partie de la direction dudit satellite. Il y a là une directrice générale, deux cadres et une directrice de département.

Cette employée a fait les deux derniers plans de développement d’un couvert à l’autre, la directrice générale n’a eu qu’à y mettre sa signature au bas. C’est elle qui représente l’entité sur quatre conseils d’administrations différents, la directrice générale n’est sur aucun de ces comités. C’est aussi elle qui a piloté la rénovation des locaux, l’embauche d’une employée clé (que la directrice générale a fini par convertir en secrétaire) et le développement de nouveaux marchés pour « l’entreprise ». Elle gère d’ailleurs ce dernier développement elle-même en plus de s’occuper du marketing, de l’équité salariale et de quantité d’autres requêtes tant du côté des relations internes qu’externes.

Si la directrice actuelle est reconduite dans son poste, la directrice de la production risque de partir, la comptable également, sans parler de l’employé clé transformer en secrétaire qui a déjà décidé de quitter. Et ce ne sont pas les seuls à trouver que la gestion de la directrice générale laisse à désirer. D’ailleurs les chiffres sont éloquents à ce sujet : les coûts de production on doubler depuis qu’elle a repris les commandes de cette entité. Ils ne sont pas déficitaires, mais le coussin accumulé sur de longue année est en train d’être littéralement bouffé tout rond sans que cet argent serve à de nouveau projet.

Cette employé cadre a donc décidé de rencontrer le président du CA. Le monsieur est au courant d’à peu près tout ce dont je viens de parler. Il n’avait pas vu les derniers états financiers, puisque la directrice générale a reporté le dernier CA de quelques mois! L’employé l’a donc mis au courant et prenant son courage à deux mains a demandé au président du CA si le CA pensait renouveler la directrice dans ses fonctions puisque son mandat officiel touche à sa fin.

Le président du CA lui a répondu que comme elle n’avait pas fait de faute majeure, que l’entité n’était pas en déficit et qu’à l’extérieur les gens ne se plaignait pas de la directrice il ne voyait aucune raison de ne pas renouveler son mandat.

 Alors vous l’avez là en toutes lettres, la dame ne fout rien ou presque, elle fait du micro management, c’est cette employée subalterne qui fait une grande partie de sa job et plusieurs directeurs sont sur le point de partir, mais ce n’est pas grave. Elle n’a pas commis de faute majeure alors on la renouvelle.

Bien sûr c’est chiant pour cette employée et pour les autres cadres, c’est merdeux de gaspiller ainsi du talent et des ressources, mais le pire n’est pas là. La situation me fâche, mais pas profondément. Ce qui me tue, ce qui m’horripile c’est cette culture du bah, ce n’est pas terrible, on va perdre un employé ou deux par sa faute, mais il n’y a pas de faute majeure alors on va se contenter d’elle, on ne cherchera pas à faire mieux.

Vous vous imaginez tout le talent, toute l’innovation, tout l’argent que l’on perd collectivement avec une telle culture. Ça c’est une entité para gouvernementale, imaginez toutes les autres structures gouvernementales ou para qui sont dans la même situation qui ont des CA factice qui vont reconduire n’importe quel gestionnaire qui fait une job à chier sans vraiment faire de faute majeure. C’est ça le public, on s’en calice, on ne cherche pas à faire mieux. Pas surprenant que les hôpitaux soient tout croche et qu’ils coûtent de plus en plus cher…

Et quand quelqu’un se lève et demande que ça change, on lui dit d’attendre son tour. Attends, on va reconduire celle-là pour encore quatre ans pis après on verra si elle est prête à prendre sa retraite.

.jpm

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