11 janv. 2012

Du cuisinier aux patrons des multinationales

Je suis officiellement à bout de tous ces reportages, émissions, entrevues, glorifications, etc. que l’on fait d’une faible fraction de la population active. Non mais c’est vrai, depuis quelques années ce sont les cuisiniers, ces créatifs maîtres de l’art culinaire que l’on nous sert à toutes les sauces, mais avant c’était les humoristes et c’est en continu les acteurs, les chanteurs et les personnalités du petit écran.

Et puis, il y a les médecins que l’on dépeint dans une foule de série, les policiers, enquêteurs et justiciers de toutes sortes qui occupent une large part du petit écran. Au Québec, on aime bien les profs, le hockey  et la décoration (comme bien d’autres d’ailleurs).

Bien sûr il arrive que l’on nous présente du monde normal, des secrétaires, des gens qui travaillent à l’usine, mais ce sont toujours des personnages secondaires ou quand ils sont centraux, c’est dans des drames d’une incroyable platitude.

Bon, évidemment je suis bien conscient que le travail dans une épicerie ou dans une boîte de haute technologie n’est pas nécessairement l’endroit idéal pour développer une série télé pleine de drame d’humour et de rebondissement. Ce qui me fatigue en fait c’est cette célébration exagérer, cette glorification que l’on fait de certains acteur de la société – surtout les créatifs. On les invite partout, on leur demande leur avis sur tout et on cherche continuellement à nous faire voir leur processus créatif, comment tout cela est beau et fantastique.

D’accord le travail d’un comptable est moins excitant que celui d’un chef cuisinier, mais il n’est pas moins créatif, il n’a pas moins de problèmes moraux et chaque comptable a son approche particulière, sa façon de définir son travail et de mettre en œuvre les mandats qui lui sont confiés. Encore ici, je suis bien conscient que l’on ne peut pas faire une émission pour chaque métier, mais une seule où l’on nous présente des gens ordinaire et leurs défis ordinaire et peut-être extraordinaire ce ne serait peut-être pas trop demander…

Cela dit, il y a pire à l’autre bout du spectre. À la télé, dans les dramatiques, dans les variétés, on ne parle pas de comptable, d’adjointe aux ventes ou de cadre intermédiaire, par contre on parle beaucoup de patrons. Ceux-là n’ont pas d’émission à eux, on ne leur demande pas leur avis, non plus qu’on leur consacre de soirée, mais on parle souvent d’eux, généralement en mal. Ce sont des bandits à cravate, des vaut-riens qui se pognent le cul toute la journée pour une paye faramineuse.

Soyons honnête, s’il y en a quelques-uns qui répondent à cette description, la grande majorité sont d’honnêtes travailleurs qui mettent un nombre incalculable d’heures dans leur entreprise et qui ont à cœur le succès de cette dernière et le bien-être de leurs employés. Eux, on en parle, mais on en parle en mal... J’imagine que c’est pire que d’être juste absent.

Mais bon le monde ne changera pas, on aime le succès des créatifs, sont tellement plus intéressant, et tant pis pour le reste.

.jpm

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