14 févr. 2012

N'oublions pas les données

La semaine dernière je soulignais le fait qu’il allait désormais être très difficile de faire de l’analyse fine avec les données recueillis par Statistique Canada. Je citais au passage Pierre Noreau avec je suis bien d’accord : Plus on se laisse guidé par des idéologies, moins on a tendance à accorder de l’importance aux chiffres et aux données factuelles.

C’est vrai pour les débats économiques et encore plus vrai pour les débats politiques où l’on mélange allègrement l’opinion politique et la lecture politique des faits. Force m’est cependant d’avouer que la ligne est très mince et que le temps manque souvent pour développer un argumentaire complet.

Autre exemple sur ce sujet : Le débat autour de l’enseignement intensif de l’anglais en sixième année.

D’accord il y a peut-être un débat de société à avoir. D’accord, ce ne sera pas simple à implanter. Mais quand on parle de réussite des élèves, des effets sur la société et du message envoyé vendu à nos enfants sans aller voir du côté des faits, j’ai un sérieux malaise.

L’intégration sur une demi-année en anglais, ça ne date pas d’hier! J’ai quatre cousins qui sont passé par là et ils sont tous dans la vingtaine aujourd’hui. Ça n’a pas changé leur plan de carrière, ça n’a pas changé leurs opinions politiques, ça ne les a pas empêché de réussir leur primaire, ni leur secondaire. Ils se sont même tous tapé des études universitaires. S’il y a eu une différence avec les autres, c’est peut-être leur accès à plus de textes, à un plus grand bassin d’information.

Je ne sais pas si l’école qui donnait le cours le fait encore, mais tout près de chez-moi, il y en a une école qui l’offre. C’est une école de quartier, pas une école spéciale et à ma connaissance il n’y a pas plus d’échec là-bas qu’ailleurs. Mes enfants ont des amis là-bas* et personne ne semble malheureux de son sort.

Mais ne prenons pas mes impressions sur le sujet. Sortons les chiffres! Quelqu’un doit bien être en mesure de vérifier les taux de réussite des diverses écoles qui offre le programme! Pourquoi tout ce débat à l’aveugle sur la réussite des élèves alors que nous avons des données?! Parce que malheureusement, le débat idéologique prend souvent le dessus sur l’échange fouillé et factuel.

La disparition du cours d’économie au secondaire (que l’on parle d’ailleurs de ramener) et le manque de formation du côté sociologique (pas tant pour la sociologie elle-même, mais pour ses outils et son approche) font gravement défaut puisque nous n’avons visiblement pas le réflexe de la recherche et de l’utilisation de données dans des domaines sociaux.

Pire encore avec la réforme, nous avons collectivement beaucoup appuyé sur l’expression des opinions, mais très peu il semble sur la construction de celles-ci. Il en va de même du côté des média, on privilégie beaucoup l’opinion depuis plusieurs années et ce, bien sûr, au détriment des faits.

Bref, on n’est pas sorti du bois – et oui ceci est une opinion. Elle risque même de tomber dans ce qu’elle dénonce puisque je n’ai pas de données pour appuyer mes dires. Cela dit, le texte d’opinion sert à faire réfléchir et c’est mon but, mais ça ne change rien au fait que beaucoup trop de débats se font sans donnée aucune alors qu’il y en a de disponible.

.jpm

*Pourquoi n’ai-je pas envoyé mes enfants à cette école dites-vous? Simple, je n’étais pas au courant quand j’ai déménagé dans le quartier et quand je l’ai su il était un peu trop tard pour changer les enfants d’école.

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