30 oct. 2012

Je ne suis pas très « vécu »

Généralement je me fous pas mal de ce que Marie-Mai met sur ses toasts, je ne suis pas au courant des derniers potins et je suis encore moins lecteur des pages de « vécu » dans les divers journaux et magazines que je lis.

Je me suis cependant surpris ces derniers jours par deux reprises à lire ce genre de texte dans Le Soleil. Le premier texte portait sur cette jeune femme retrouvé morte dans un stationnement du quartier Saint-Roch. Une jeune femme tombée dans la drogue et la prostitution qui essayait de s’en sortir, mais qui a malheureusement fini par être emportée par son addiction. Le second texte portait sur une vieille dame qui après avoir fermé sa maison close continue à 85 ans sa vie de noctambule en tenant un petit bar clandestin dans son 2 et demie sur René-Lévesque.

Je suis comme tout le monde, j’ai bien les anecdotes surtout si elles sont drôles. J’aime moins le vécu parce que souvent ce n’est pour moi que de l’étalage de bons sentiments, des histoires qui font mentir les statistiques et qui détournent l’attention.

Reste que les faibles pourcentages, les demi-pourcents de la population, les grenailles non-significatives représente tout de même une partie de la population et que ça fait du bien des fois de mettre un visage, une histoire sur ces fractions de statistiques.

S’il ne faut surtout pas perdre la vision d’ensemble, il faut savoir voir les détails et c’est ce que cette lecture inhabituelle m’a rappelé.

C’est d’ailleurs là que se situe toute la difficulté de l’intervention en marge de la société. Un système de garderies à 7$ ce n’est pas parfait, mais ça convient à une grande partie de la population. Par contre l’aide aux itinérants se doit pratiquement d’être personnalisé. Il n’y a pas deux cas semblables. Certes les soupes populaires et les refuges profitent à tous, mais quand on parle de réinsertion, c’est pas mal moins évident et bien sûr, ça coûte cher.

Ces soins, ces suivis sont très coûteux et en y investissant collectivement on se retrouve vite devant des problèmes éthiques insolubles. On ne peut pas laisser les gens mourir d’overdose à tous les coins de rue d’un autre côté les plans d’intervention grugent des ressourcent qui pourraient être mises ailleurs. Je vous donne un exemple avant que l’on me lance des tomates.

Aux États-Unis, on a évalué de lourds cas d’acholiques. Certains étaient des sans-abris qui coûtaient une petite fortune en soins de santé à l’État. À chaque semaine ils se retrouvaient à l’urgence suite à des chutes ou autre et bien sûr comme ils sont sans-abris il y avait souvent des complications… En terme monétaire il était beaucoup plus rentable de leur payer un appartement pour les stabiliser et leur donner une chance de repartir que de les voir débarquer aux urgences à toutes les semaines, mais les autorités se sont vite rendu compte du précédent que cela créait. Ils aidaient les acholiques en leur payant un appartement, mais laissaient, par exemple, des femmes monoparentales élever leurs enfants seul tout en se tapant deux emplois pour arriver. Bref, il y a un équilibre à trouver entre les mesures qui conviennent à tous et celles qui sont personnalisées.

Je ne suis pas très « vécu », mais de temps à autre, je crois qu’il est important de se rappeler ces gens qui vivent en marge afin de sortir de l’homogénéité des statistiques et de bien voir toutes les facettes de nos sociétés.

.jpm

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